Vous avez pris – et c'est heureux – un mauvais exemple : l'insertion professionnelle à Saint-Étienne est excellente pour les étudiants de sciences humaines, car il existe une très bonne congruence entre les besoins de la région et ce qui est proposé par l'université. Pour autant, il y a en France un problème qui tient au fait que nous avons, en sciences humaines, deux fois plus de professeurs et d'étudiants que dans les autres pays, mais pas deux fois plus de possibilités d'insertion professionnelle.
Imaginez un étudiant de base qui n'a pas pu s'orienter dans la filière des grandes écoles ; puis il a échoué en médecine, qui est une filière sélective ; et, du coup, les scientifiques n'en veulent pas. Il se retrouve donc en sciences humaines, où il n'y a pas beaucoup de sélection. Les sciences humaines sont ainsi devenues une sorte d'entonnoir. Relativement peu d'étudiants ont choisi cette voie. Dans ces conditions, en raison d'un phénomène de masse, il est bien sûr plus difficile d'assurer l'insertion professionnelle des étudiants. Je reconnais également que l'insertion professionnelle pose plus de problèmes à Rennes II ou à Toulouse-Le Mirail qu'à Paris VI.
Il est indispensable de sortir de ce problème d'insertion. Il faudra sans doute introduire une certaine pondération. À l'université de Paris V, dont j'ai été le président, l'insertion professionnelle des étudiants en psychologie, pourtant extrêmement nombreux, est assez satisfaisante ; mais il faut préciser que lorsque nous nous sommes aperçus que le taux d'insertion n'était que de 50 %, nous y avons travaillé et, en trois ans, ce taux est passé à 70 %. L'insertion professionnelle des doctorants en biologie à Paris V est voisine de 90 %. En revanche, dans les universités de taille moyenne de la « vague B », elle est de 50 %, alors que dans tous les pays du monde, elle est de 95 à 100 %. Cela signifie qu'il faut faire des efforts dans le domaine de l'insertion professionnelle, et pas seulement en sciences humaines.