Je parais être le seul à penser que l'idée d'incohérence de notre action culturelle, colportée notamment par la presse, est fausse. Pour avoir exercé tous les métiers de ce secteur, je considère comme infondées les accusations de gabegie ou de mauvaise gouvernance. Le ministère des Affaires étrangères publie chaque année des orientations globales mais précises. Localement, ses partenaires et opérateurs exercent leur métier. Le rôle du conseiller culturel est de répercuter l'effort de cohérence impulsé de Paris et d'amener l'Alliance, l'Agence française de développement, les lycées français ou encore le service scientifique à travailler ensemble.
D'aucuns souhaitent tout rassembler sous une même houlette. Je pense, au contraire, que le fonctionnement actuel comporte bien des avantages. Le double réseau des Alliances et des centres culturels est même un atout : tandis que certains pays préfèrent voir s'installer une institution nationale sur leur territoire, il est beaucoup plus difficile d'ouvrir des centres culturels français en Birmanie ou en Chine, ce qui justifie alors la création d'Alliances françaises. Cette souplesse nous est d'ailleurs enviée par nos homologues du Goethe Institut ou du British Council.
Quand on parle d'incohérence ou de manque d'orientations, on cherche en fait à dissimuler la décrue invraisemblable des moyens, le seul véritable problème auquel nous soyons confrontés. Les centres culturels et les services culturels subissent chaque année une baisse de 15 à 20 % de leurs moyens en matériels et en personnels. En vingt ans, ils ont perdu la moitié de leurs cadres et personnels détachés et la moitié de leur budget. Quelle autre institution aurait résisté à un tel régime ? Si les agents sont débordés, c'est qu'ils voient leurs responsabilités s'accroître tandis que leurs moyens diminuent. Les conseillers culturels doivent tout faire, sauf, peut-être, passer le balai. Nous assistons à une incroyable saignée, et ce n'est pas la création d'une agence unique qui résoudra le problème.
Nous entretenons de bons rapports avec les autres acteurs : nous avons des conventions avec la Mission laïque française, l'AEFE ou CulturesFrance et, localement, nous organisons des activités communes.