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Intervention de Patrick Soldat

Réunion du 18 mars 2010 à 11h00
Mission d’évaluation et de contrôle de la commission des finances

Patrick Soldat, représentant du SNES :

Notre attachement à la dimension publique du service de l'éducation à l'étranger n'est pas uniquement théorique ou idéologique. C'est pourquoi nous regrettons que le plan d'orientation stratégique élaboré par l'AEFE procède d'un mauvais diagnostic. En tant qu'enseignant du réseau de l'Agence, j'ai exercé au Danemark, puis à Madagascar et je suis actuellement en poste en Espagne, de sorte que j'ai pu observer des configurations très différentes. Partout, j'ai constaté de la part des usagers un fort attachement au caractère public de notre enseignement. Celui-ci est souvent pris pour modèle, et pas seulement par les familles francophones ou celles qui veulent faire apprendre le français à leurs enfants. C'est pourquoi nous souhaitons que l'AEFE ne renonce pas à son rôle d'établissement public.

Sur place, les enseignants comme les élèves participent au rayonnement de la France. Ils constituent une sorte de référence qui ne se limite pas à la sphère de l'éducation. Cependant, j'observe aujourd'hui beaucoup d'inquiétudes. On parle de partenariat et de projets, en distinguant quatre statuts : les établissements à gestion directe, les établissements conventionnés, les établissements homologués et les établissements sous label « MAEE », délivré par le ministère des Affaires étrangères et européennes. Si ces solutions ne sont pas satisfaisantes, c'est parce qu'elles procèdent d'une hypothèse erronée selon laquelle les parents qui mettent leurs enfants dans notre système éducatif feraient un acte de consommation.

Le principe de l'autofinancement oblige ces parents à acquitter des frais de scolarité de plus en plus élevés, tandis qu'il contraint les établissements à renoncer à certaines options ou à certaines possibilités qu'ils offraient aux élèves. À ce jeu, nous risquons de perdre notre spécificité. Or, je le répète, quand on évoque avec les familles les autres systèmes éducatifs, le système américain par exemple, on s'aperçoit qu'elles sont attachées à la touche française, qui privilégie la réflexion et l'analyse. Si l'on dilue le label « France » entre de nombreux opérateurs, sur lesquels on n'aura plus la main, il faudra renoncer à une qualité qui est au coeur du rayonnement de notre système éducatif à l'étranger.

J'ajoute que certains élèves issus de pays en voie de développement, qui ont eu accès à des bourses, ont ensuite intégré des écoles françaises prestigieuses, ce qui constitue manifestement une forme coopération. C'est pourquoi les familles qui résident à l'étranger – notamment celles dont les parents sont des personnels résidents ou détachés de l'éducation nationale – ne comprennent pas que, pour des raisons économiques, on refuse désormais de leur attribuer des bourses, alors même que d'autres bénéficient d'une scolarité gratuite.

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