Avec cette équipe, nous sommes allés de stupéfaction en stupéfaction ! Le dépit sportif ne saurait tout justifier : perdre fait partie du sport et certains, comme les Italiens, ont su se montrer dignes dans la défaite. Pour leur part, les Français ont été la risée du monde entier, dont les médias se sont fait l'écho de leur attitude.
Éric Cantona a déclaré que si cela avait continué, les joueurs auraient fini par se manger entre eux. Grâce à l'élimination, a-t-on finalement évité des scènes d'anthropophagie ?
Vous, qui avez été à leur contact, pouvez-vous par ailleurs nous dire si les joueurs avaient conscience qu'ils étaient l'équipe de France et ce que cela signifiait pour eux ? On a surtout vu un agrégat d'individus qui tentaient de pratiquer un sport collectif, et le fait que le capitaine ignore jusqu'à l'existence de la charte éthique explique sans doute largement le décalage entre les attentes et ce qui s'est passé sur place.
Je souhaite également vous interroger sur la politique sportive en direction des jeunes : la généralisation des centres de formation, qui conduit à sortir très tôt les jeunes de leur milieu familial pour les installer dans une sorte de bulle pour qu'ils se consacrent presque exclusivement au sport, n'a-t-elle pas aujourd'hui montré ses limites ? Même la scolarité est désormais organisée au sein des centres. Ne vaudrait-il pas mieux, comme aux États-Unis, que le sport de haut niveau soit pratiqué sur les campus universitaires et ainsi davantage banalisé ?
Je suis par ailleurs convaincu de la nécessité de mettre résolument en valeur auprès de ceux qui intègrent l'équipe nationale ce que représente le mot « France ».
Enfin, je crois comme vous, madame la ministre, qu'il est indispensable de renforcer le lien entre le sport amateur et le sport professionnel, notamment avec les super professionnels qui composent l'équipe de France et qui aujourd'hui ne font plus rêver ni la France ni les jeunes footballeurs.