Madame la ministre, je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation afin de nous exposer votre sentiment sur la situation provoquée par les résultats et le comportement de l'équipe de France de football lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Demain, nous recevrons également MM. Escalettes et Domenech. Au préalable, il me semble important de vous expliquer pourquoi nous avons voulu organiser cette série d'auditions.
L'un des objectifs de la création, l'an dernier, de notre Commission permanente à l'Assemblée nationale était de replacer au coeur du débat parlementaire certains sujets comme la jeunesse et le sport. Nous avons ainsi tenu plusieurs tables rondes sur le dopage et examiné une proposition de loi tendant à moraliser la profession d'agent sportif – nous avions alors reçu Philippe Piat, président de l'Union nationale des footballeurs professionnels, Bruno Satin, agent sportif, ainsi que d'anciens joueurs comme Christian Lopez ou Bruno Bellone. En mars dernier, nous avons déjà auditionné une délégation de la Fédération française de football (FFF), constituée de MM. Jean-Pierre Escalettes, président, Jean-Louis Valentin, alors directeur général délégué, et Fernand Duchaussoy, président de la Ligue de football amateur. Notre Commission a donc été particulièrement active concernant le football et nous ne pouvions rester à l'écart du débat qui agite la France depuis le début de cette Coupe du monde.
Ici, parmi des députés de tous bords, il y a de nombreux passionnés, pour lesquels le football représente beaucoup. Nous refusons de voir cet édifice se fissurer. Mais, si nous nous saisissons de ce sujet, c'est surtout parce que le football représente plus de 2 millions de licenciés, presque 18 000 clubs et des milliers de collectivités locales impliquées dans leur financement. Le football, c'est aussi une école de la vie pour de nombreux jeunes, qui y apprennent certaines valeurs essentielles attachées à tout sport collectif. Une Coupe du monde de football est un événement universel, avec des audiences record sur toute la planète : quand l'équipe de France joue, elle donne une certaine image de notre pays dans le monde entier ; quand elle refuse de s'entraîner également.
Il ne s'agit pas pour nous d'interférer dans le fonctionnement interne de la FFF. Bien évidemment, nous respectons l'indépendance des fédérations sportives, mais nous voulons comprendre les causes de cette déroute. Les difficultés internes à l'équipe de France ne sont probablement que le reflet de problèmes structurels bien plus importants. C'est ce que nous cherchons à comprendre, sans omettre que ce qui vaut pour le football est sans doute vrai pour beaucoup de fédérations sportives fonctionnant sur le même modèle.
Madame la ministre, vous avez été au contact des joueurs à la veille de leur ultime match en compétition. Au-delà d'un souvenir amer, cette déroute suscite bien des questions. Avec nos collègues parlementaires qui s'intéressent à ce sujet, nous sommes convaincus de la nécessité de rénover en profondeur la gouvernance du football, démarche que vous avez également appelée de vos voeux. Quels sont, selon vous, les axes prioritaires de cette rénovation du football ? La place réservée au football amateur dans les instances de décision est-elle pertinente ? Vous paraît-elle insuffisante, satisfaisante ou excessive ?
L'attitude des joueurs envers les supporters et la presse a été inacceptable. Leur grève a nui à l'image de la France dans le monde. Il est tout de même incroyable de devoir rappeler de telles évidences : figurer dans la sélection nationale, ce n'est pas seulement une reconnaissance mais bien une responsabilité importante et un honneur rare. Comment un joueur peut-il l'oublier ?
Parviendrons-nous à réintroduire de l'éthique dans ce sport et à rappeler aux joueurs les valeurs attachées au maillot bleu frappé du coq et malheureusement d'une seule étoile, au moins jusqu'à la prochaine Coupe du monde ?