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Intervention de François Sauvadet

Réunion du 29 juin 2010 à 21h45
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Sauvadet :

Notre production nationale ne produit en effet que 50 % de notre consommation. Il faut en tirer les leçons.

Notre production porcine est restée stable depuis dix ans, alors qu'elle a augmenté de plus de 30 % en Allemagne sur la même période.

Le coût du travail agricole, notamment saisonnier, est bien supérieur à celui de l'Allemagne, malgré les efforts consentis par l'État pour le diminuer. Il n'est donc pas étonnant que l'Allemagne voie son secteur prospérer quand le nôtre se paupérise. L'Allemagne et des puissances agricoles émergentes de l'Europe de l'Est récupèrent les parts de marché que nous perdons.

Nous perdons des places là où nous devrions être un moteur de développement, de développement équilibré.

Autre phénomène nouveau, les consommateurs, qui désignaient hier les producteurs comme étant les principaux responsables du niveau des prix, des problèmes environnementaux, des problèmes concernant l'eau, sont très attentifs, aujourd'hui, à ce qui se passe dans le monde agricole. De grandes associations de consommateurs commencent à se joindre aux agriculteurs pour préserver l'aménagement du territoire, la diversité et la qualité des productions, qui sont une marque de fabrique française.

Au cours des dernières années, lorsque les prix payés au producteur ont augmenté, les prix à la consommation ont également progressé, dans les mêmes proportions. Cependant lorsque les prix baissaient aussi fortement à la production, ils ne diminuaient pas à la consommation. Les consommateurs doivent aujourd'hui savoir qu'il leur faut être les meilleurs alliés de l'agriculture s'ils veulent, demain, bénéficier d'une stabilité des prix en même temps que d'une diversité et d'une qualité des productions.

L'enjeu de cette loi est d'importance et la régulation européenne, que vous avez commencé à engager, doit être la priorité des priorités, parce que c'est là que se situe l'essentiel de la réponse qui doit être apportée au drame que vit notre agriculture. Cette régulation est incontournable.

Mes chers collègues, toutes les chances sont réunies pour notre secteur agricole. Présent sur tous les territoires, il est d'abord le socle de l'aménagement du territoire. Sans la présence des agriculteurs, des paysages entiers changeraient de visage.

Nous avons aussi des surfaces disponibles encore importantes, même s'il faut être vigilant dans les espaces périurbains.

Nous avons une compétence technique. L'un de nos collègues, lors de la séance des questions au Gouvernement, a d'ailleurs souligné la qualité de notre enseignement agricole. C'est l'un des premiers à avoir travaillé sur l'alternance, sur la découverte d'un métier, sur le tutorat, autant de méthodes d'enseignement qu'il nous faut privilégier dans d'autres secteurs.

Nous avons un climat qui assure un bon niveau de rendements.

Nous avons, enfin, un savoir-faire reconnu.

Les agriculteurs veulent être reconnus pour toutes ces qualités.

Dans ce contexte, ce projet de loi propose incontestablement un certain nombre de mesures concrètes d'organisation, par exemple, la contractualisation – oui, elle est nécessaire – ou le renforcement des filières : oui, il est nécessaire. Celui des organisations de producteurs l'est aussi, face à une distribution qui s'est concentrée. Nous avons également à faire aujourd'hui, par exemple dans le secteur de la viande bovine, à une concentration des circuits d'abattage.

Chacun sent donc bien la nécessité d'organiser le secteur de la production tout en préservant ce qui fonde le modèle d'agriculture français, une forme d'organisation préservant la liberté et la capacité individuelles. C'est ce chemin que nous devons emprunter ensemble ; vous nous l'avez proposé et nous sommes prêts à le suivre mais, je le répète, ces instruments, à eux seuls, ne sont pas à la hauteur des défis que l'agriculture doit relever sur les marchés mondiaux et européens. S'il est indispensable de passer par cette étape, il faut aussi aller au-delà.

Notre but, dans ce débat qui s'ouvre aujourd'hui, est de renforcer les outils que vous proposez, monsieur le ministre, et de tracer de nouvelles perspectives pour l'agriculture. J'évoquerai trois axes de réflexion.

Premier axe, il faut rendre effectif le pouvoir d'action de l'observatoire de la formation des prix et des marges.

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