Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Huguette Bello

Réunion du 29 juin 2010 à 21h45
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Monsieur le président, monsieur le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, mes chers collègues, crises sanitaires, aléas climatiques, dérégulation croissante et instabilité des cours : rarement secteur d'activité aura été soumis simultanément à tant de risques et d'incertitudes. Aux difficultés anciennes inhérentes à l'activité agricole s'ajoutent de nouvelles menaces mondiales. La libéralisation est à l'oeuvre sur les marchés agricoles et l'agriculture n'est plus épargnée par une délocalisation désormais massive. Comment qualifier autrement la location et l'achat par la Chine ou par l'Arabie saoudite de millions d'hectares arables en Afrique et en Amérique du Sud ?

Pour tenter d'atténuer les conséquences catastrophiques liées aux évolutions en cours, ce texte propose de réaffirmer ce qui n'aurait jamais dû être oublié, à savoir que la mission première de l'agriculture est d'offrir à tous une alimentation saine. Nous sommes d'accord avec la mise en place d'une politique publique de l'alimentation, tout comme nous approuvons la volonté de maintenir la diversité des produits, des terroirs et des goûts. La question qui se pose est celle de savoir si les différents instruments proposés pour atteindre ces objectifs, notamment la contractualisation, suffiront pour contrecarrer durablement la dérégulation que prônent, en dépit des famines et des crises sanitaires que cette idéologie a pu provoquer, l'Organisation mondiale du commerce et, pour une bonne part, l'Union européenne elle-même.

Ces questions concernent au plus haut point tous les territoires et l'ensemble des agriculteurs, y compris ceux de l'outre-mer. C'est pourquoi il est difficile de comprendre que l'avenir de notre agriculture soit traité, au niveau national, par voie d'ordonnances. On le comprend d'autant moins que les états généraux de l'outre-mer ont permis d'identifier les objectifs et les axes d'intervention, lesquels peuvent d'ores et déjà faire l'objet de dispositions législatives. Bref, nous ne sommes pas dans le cas de figure des dispositifs de sécurité sanitaire prévus à l'article 2, pour lesquels le recours à la procédure des ordonnances est justifié par le fait que les états généraux du sanitaire sont, eux, encore en cours.

Dans les outre-mer, nous savons depuis toujours que l'agriculture, c'est plus que l'agriculture. L'histoire du peuplement, les paysages, la structure socio-économique, tout est là pour rappeler son rôle primordial dans nos sociétés. Plus que jamais, à La Réunion, nous devons à la fois consolider la filière canne-sucre et développer la diversification agricole. Dans les deux cas, les efforts de modernisation sont constants, mais chacun de ces secteurs est confronté à de réelles menaces.

Ainsi, la fin, en 2013, de l'Organisation commune du marché du sucre est-elle une échéance à haut risque. Là encore, les pressions de l'OMC sont fortes. Elles ont déjà provoqué une diminution du prix du sucre de plus de 35 %, actuellement compensée par la France. Mais à quel avenir cet édifice est-il promis ? Quelle sera la position de la France à l'égard de l'Europe ? Quel sera le degré de résistance de l'Union européenne face à l'OMC ? Des réponses à ces questions dépend l'avenir de l'agriculture réunionnaise.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion