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Intervention de Lionel Tardy

Réunion du 25 mars 2008 à 15h00
Lutte contre les discriminations — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLionel Tardy :

Discuté en commission la veille de la suspension des travaux de notre assemblée, le voilà examiné en séance publique le jour même de la rentrée. Cela me paraît un peu expéditif. Plusieurs collègues s'en sont d'ailleurs fait l'écho en commission. Je rejoins, en ce sens, l'analyse de Mme Crozon.

La lutte contre les discriminations est un sujet important, et c'est même une nécessité. Au fronton de tous nos bâtiments publics, on trouve notre devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ». La lutte contre les discriminations, c'est la lutte pour l'égalité. Je suis donc, par principe, contre les discriminations et je considère comme normal de lutter contre elles.

Mais je dois constater que la manière dont cette lutte est menée pose problème. Plusieurs éléments m'inquiètent dans la tournure qu'elle prend.

On accentue encore le dangereux penchant de notre société à donner une place centrale à la victime. Aujourd'hui, on a l'impression que la victime ne peut pas avoir tort, que sa parole est sacralisée. De ce fait, tous ceux qui revendiquent s'empressent de se présenter en victimes, pour tuer tout débat sur la légitimité de leurs revendications. C'est profondément malsain.

Autre dérive qui semble se dessiner, et contre laquelle je m'élève, c'est qu'au nom de la lutte contre les discriminations, on favorise les revendications communautaires. Un seul exemple : en novembre 2007, le Consistoire central a saisi la HALDE sur la situation des étudiants juifs pratiquants qui sont convoqués à des examens universitaires les samedis et les jours de fête juive. Faut-il modifier les calendriers d'examens universitaires en cas d'incompatibilité avec l'agenda de certains étudiants ? Qu'une telle demande puisse être formulée est révélatrice des risques élevés de dérives communautaristes.

Le citoyen lambda ne se reconnaît pas dans ces orientations, et j'ai souvent entendu des réflexions marquant l'incompréhension face aux décisions des instances de lutte contre les discriminations.

Pourtant, la lutte contre les discriminations est d'abord un combat pour changer les mentalités, et si les citoyens n'y adhèrent pas, on risque de passer complètement à coté de l'objectif et, pire, de susciter des réactions de rejet. Bon nombre de décisions prises pour lutter contre les discriminations sont de nature à vous plonger dans la perplexité : ainsi, j'ai reçu récemment un courrier de l'Union départementale des associations familiales de Haute-Savoie, déroutée par les changements apportés aux conditions d'attribution de la médaille de la famille française. Au nom de la lutte contre les discriminations, on a d'abord supprimé la condition de nationalité des parents. La décoration y a perdu une partie de son nom pour devenir la médaille de la famille. On a ensuite supprimé l'obligation pour les parents d'être mariés. Bientôt, on supprimera l'obligation d'avoir un lien biologique ! On sera ainsi passé de la médaille de la famille française à la « médaille de la parentalité en France », ce qui n'a rien à voir.

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