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Intervention de Pierre Frogier

Réunion du 23 juin 2010 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Frogier :

Je suis surtout inquiet de l'image de la France en Australie et, dans une moindre mesure, en Nouvelle-Zélande. Outre nos engagements de souveraineté, nous avons contracté un certain nombre d'accords avec ces pays, notamment pour intervenir en cas de catastrophe naturelle. Or les matériels en fin de vie dont nous disposons aujourd'hui ne nous permettent pas d'honorer ces engagements. La France est encore reconnue comme une puissance régionale et l'Australie souhaite que nous maintenions notre présence ; cela n'est cependant pas possible avec des équipements aussi usés.

Le vieillissement des matériels militaires peut également avoir des conséquences internes en Nouvelle-Calédonie. Je rappelle qu'il s'agit d'un territoire très vaste (20 000 km2) et peuplé de 245 000 habitants. Nous allons connaître des périodes extrêmement sensibles lorsque l'avenir institutionnel et politique de l'île sera examiné. Si nous devons faire face à des troubles, nous ne pourrons pas transporter nos forces mobiles de gendarmerie, essentiellement installées près de Nouméa, dans le Nord de l'île ou dans les îles alentour, faute de disposer de moyens aéroportés suffisants. Nos Puma ne pourront plus assumer ces missions et il n'est pas possible d'utiliser des Casa sans avoir de piste praticable. Il nous faut rester extrêmement vigilants sur ce dossier.

Concernant l'évolution des rapports ethniques, je veux ici vous faire partager mes convictions profondes assises sur mon expérience faite de contacts directs avec toutes les parties, y compris pendant des périodes d'affrontements violents. Je peux vous affirmer que les accords de Matignon et de Nouméa ont réglé le contentieux existant entre les deux communautés mélanésienne et kanake. Depuis de nouvelles ethnies apparaissent ; je pense notamment aux Wallisiens qui sont désormais deux à trois fois plus nombreux en Nouvelle-Calédonie qu'à Wallis-et-Futuna. Il faut désormais que ces nouveaux groupes trouvent leur place entre les deux grandes communautés actrices de la vie politique et institutionnelle des vingt dernières années.

Je reste cependant assez inquiet car nulle part dans le Pacifique les Polynésiens et les Mélanésiens ne réussissent à cohabiter pacifiquement. Les populations relèvent de deux zones d'influence très différentes : la Mélanésie est directement dans le champ d'influence de l'Australie tandis que la Polynésie est dans celui de la Nouvelle-Zélande. La Nouvelle-Calédonie apparaît comme une exception : il s'agit du seul lieu de coexistence. La France a donc une responsabilité majeure pour assurer un équilibre précaire. Je souligne à ce titre que la position de notre pays concernant l'avenir de Wallis-et-Futuna sera déterminante en la matière. La Nouvelle-Calédonie ne pourra pas éviter de s'impliquer dans ce dossier et il nous faudra vraisemblablement porter l'avenir de cette île dans les années à venir.

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