Évaluer, c'est mesurer et comparer. Dans le domaine de la recherche en santé publique, des innovations notables ont été accomplies pour mesurer l'impact des actions menées. Vous dites qu'il est difficile de choisir un nombre restreint de priorités. Cela me laisse dubitatif au regard des progrès des études d'impact. Vous avez, en revanche, raison d'affirmer que la qualité des systèmes d'information dépend de la fiabilité des données recueillies.
La prévention constitue un sujet majeur. Elle doit aider à réduire par exemple les inégalités de mortalité. La santé publique demeure une question de société. Cela ne peut être du seul ressort des agences régionales de santé.
J'aurais deux questions. Parmi vos préconisations, lesquelles concernent l'amélioration et la coordination entre l'échelon national et régional ? Je pense, pour ma part, que la politique de santé publique doit demeurer de la compétence de l'État. Ma seconde question porte sur la formation des acteurs de santé publique. En effet, de très nombreuses personnes oeuvrent en ce domaine. J'ai l'impression, qu'à l'instar de M. Jourdain, nous nous occupons tous de santé publique sans le savoir.
La politique de santé publique ne peut se réduire à la seule action curative et doit comporter, à mes yeux, trois aspects indissociables : le social, l'éducation et la santé. Les principaux acteurs mettant en oeuvre la politique de santé publique sont les fonctionnaires hospitaliers et territoriaux, et les élus locaux. Je suis moi-même délégué national à la santé publique au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), organisme qui a récemment signé une convention de partenariat avec l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES). J'assistais à un colloque, il y a quelques mois, au cours duquel une table ronde était consacrée aux rôles des élus locaux en matière de santé publique.
La politique de santé publique ne se résume pas aux aspects médicaux, les trois aspects que j'évoquais tout à l'heure, santé, éducation et société doivent être déployés ensemble. C'est par exemple le cas en région Bretagne, qui mène une véritable politique en la matière, notamment en ce qui concerne la formation des acteurs. Les conseils généraux s'occupent énormément des personnes âgées, et plus généralement des questions de dépendance, et gèrent la protection maternelle et infantile. Au niveau des communes, il existe les ateliers santé-ville. Ajaccio appartient au réseau français des Villes Santé de l'Organisation mondiale de la santé.
La politique de santé publique doit donc s'articuler entre une définition au niveau national et une déclinaison territoriale. Je me demande quel sera l'impact concret de la création des agences régionales de santé à ce sujet.