Nous avons les mots – « Europe 2020 » –, mais où sont les actes ? On ne voit qu'une addition de coupes claires dans les budgets publics et les budgets sociaux, qui ne feront que déprimer plus encore la consommation et l'investissement, ce qui accentuera encore les déficits et la dette.
L'Union européenne, à la vérité, subit cette crise depuis trop longtemps, c'est un peu la crise de tous les problèmes que nous n'avons pas su régler, c'est la suite du traité de Maastricht qui n'a pas été assurée, c'est la transmission de l'esprit européen qui n'est pas pleinement assumée. Un sursaut s'impose. Cette crise, qui est déjà ancienne, nous impose d'agir et d'agir vite.
Il s'agit tout d'abord de remédier au déséquilibre originel de l'Union économique et monétaire. Avant même l'entrée en vigueur de l'euro, nous avions conscience des faiblesses des dispositions relatives au pôle économique de l'Union économique et monétaire. Il y a déjà treize ans, en 1997, Jacques Delors écrivait : « Les institutions européennes ne permettent pas, à l'heure actuelle, la mise en place d'une véritable coordination des politiques macro-économiques au niveau européen […] l'Europe a payé très cher ce manque de coopération […] la convergence monétaire a primé sur la convergence économique. » Cela lui a permis de dire que l'Union économique et monétaire était unijambiste et que seule la fonction monétaire était valide. Il poursuivait : « L'Europe ne s'est pas dotée des moyens d'une véritable politique coordonnée de soutien de la croissance. »
Les pistes qu'avait tracées Jacques Delors restent valables encore aujourd'hui, hélas ! Il avait préconisé un pacte de coordination, une relance européenne fondée sur l'emprunt. Cela n'a jamais été fait et aujourd'hui, on fait même le contraire. Après la France qui annonce seule et sans concertation un gel des dépenses publiques pendant trois ans, c'est l'Allemagne qui annonce seule et sans concertation un plan d'austérité de 80 milliards d'euros.
Le deuxième problème, c'est une relation franco-allemande très dégradée. La relation Chirac-Schröder avait connu de très mauvais débuts puis elle s'était stabilisée, mais sans jamais parvenir à produire une initiative franco-allemande d'envergure et qui soit acceptée par nos partenaires de l'Union européenne. La seule chose qu'ils ont produite ensemble, c'est la malheureuse lettre sur la guerre d'Irak. Sur le fond, il fallait refuser cette guerre, mais la lettre était tellement mal faite et tellement arrogante vis-à-vis de nos autres partenaires qu'elle n'a servi qu'à cristalliser la division de l'Europe. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)