Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Hervé Gaymard

Réunion du 9 juin 2010 à 21h30
Marché de l'électricité — Après l'article 5, amendement 70

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Gaymard :

Je défends évidemment avec énergie et conviction l'amendement de Michel Bouvard. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit lors de la discussion générale, mais nous sommes un certain nombre à considérer que l'harmonisation européenne des tarifs de l'énergie est une erreur historique, compte tenu de l'hétérogénéité des outils de production énergétique dans les différents pays européens. La France ne fait ainsi que s'aligner sur le moins-disant compétitif et environnemental. Il se trouve en effet que, grâce des décisions visionnaires de Georges Pompidou et Pierre Messmer au milieu des années 1970, la tarification de l'énergie offre, offrait – faut-il parler à l'imparfait ? – à notre industrie, dans la mondialisation actuelle, un avantage compétitif – et la vieille Europe n'en a plus beaucoup. Or, la logique européenne – et c'est un Européen convaincu qui vous parle – tuera à petit feu cet avantage compétitif.

Comme ces tarifs disparaissent, il faut bien trouver le moyen de sauver les meubles – je dis les choses telles qu'elles sont. Pour des raisons historiques, des sites industriels ont été implantés partout en France à la fin du xixe siècle. Michel Bouvard a rappelé que, dans certains d'entre eux, la turbine, construite avant la nationalisation de 1946, se trouve dans l'enceinte même de l'usine. Ces entreprises – et j'en connais beaucoup – ont un parcours formidable à l'international : elles sont premières ou deuxièmes de leur production, derrière et parfois devant des Chinois. Or, si nous ne leur permettons pas de continuer à travailler comme elles le font aujourd'hui, si nous leur attachons des boulets supplémentaires aux pieds, il ne faudra pas s'étonner que le nombre d'emplois industriels diminue encore en France dans les années qui viennent.

On ne peut pas faire une ode à la politique industrielle – dont le Président de la République indiquait, en 2007, dans un discours sur ce sujet, que la tarification de l'énergie était un des éléments – et ne pas en tenir compte aujourd'hui.

C'est un cri de détresse que je lance, monsieur le ministre, car nous voulons sauver nos emplois. Nous connaissons ces entreprises et le travail qu'elles accomplissent. Il faut en finir avec l'irénisme et la naïveté européenne sur ce sujet. N'étant pas un perdreau de l'année, si je puis dire, je sais que beaucoup de nos partenaires européens ne partagent pas cette vision des choses. Mais ces questions ne sont pas techniques, elles sont profondément politiques, et il faut les considérer comme telles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion