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Intervention de Rodrigo Pedreros

Réunion du 26 mai 2010 à 17h00
Mission d'information sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête xynthia

Rodrigo Pedreros, ingénieur au département « risques naturels » et sécurité du stockage du CO2 :

Le marégraphe de La Rochelle a été changé en 1997 ; il est donc plus fiable. Néanmoins, mesurer les phénomènes lors d'une tempête nécessite de placer des capteurs en dehors des ports – ce qui est plus compliqué, mais les technologies existent. Nous le faisons nous-mêmes lors de campagnes de terrain, en plaçant des capteurs pendant deux à trois semaines afin de mesurer l'ensemble du processus.

Après Xynthia, nous avons fait un travail de modélisation en réalisant deux types de simulations numériques : une pour les niveaux d'eau et une pour les vagues. Il faut savoir qu'il n'existe pas de modèle unique mathématique et numérique permettant de simuler ou de prévoir l'ensemble des processus – il faut les séparer. Nous avons utilisé des modèles numériques que nous avions implantés sur le site dès 2006 – nous étudiions la mobilité sédimentaire dans ces secteurs – et validés avec des mesures.

Notre modélisation du niveau d'eau, le 28 février 2010 à quatre heures trente, heure locale, s'est appuyée sur le modèle MARS 2DH, développé par l'IFREMER. Nous avons utilisé un maillage avec quatre modes de calcul – quatre grilles imbriquées, du Portugal aux îles britanniques et très au large. Au départ, le calcul n'est pas très précis avec des mailles spatiales d'environ 6 kilomètres, mais au fur et à mesure que l'on se rapproche du site auquel nous nous intéressons, il est plus précis avec des mailles de 200 mètres. Nous avons également utilisé une base de données sur la marée au large – FES 2004 –, publiée par le laboratoire LEGOS de Toulouse, et le modèle américain de champ de vent GFS (global forecast system).

Nous constatons un niveau d'eau de 4,20 mètres NGF au pic de la tempête – à comparer aux 4,5 mètres NGF cités plus haut. Cette première évaluation quantitative n'est donc pas trop éloignée de la réalité. Cependant, ce modèle ne calcule par le set-up et l'on peut estimer que le marégraphe en a enregistré une partie.

Ensuite, nous constatons que le secteur le plus touché est Charron, en raison de la configuration de la côte, en forme d'entonnoir, où l'eau s'est engouffrée. D'après nos calculs, la hauteur d'eau ici a été d'environ 4 mètres NGF. Châtelaillon-Plage et La Tranche-sur-Mer ont également été très touchées. Avec des informations sur la répartition des niveaux d'eau, nous validons qualitativement notre modèle.

Pour notre modélisation des vagues, nous avons utilisé le code de calcul SWAN, développé aux Pays-Bas, le même champ de vent GFS, mais aussi le modèle de vagues global NOAA WW3, avec deux grilles imbriquées, de 1 kilomètre et 300 mètres. Dans le secteur, les houlographes n'ont pas fonctionné, sauf celui du SHOM, implanté sur le site en janvier 2010, qui a enregistré entre 7,30 et 7,40 mètres. Le SHOM m'a envoyé les données et notre modélisation m'a permis d'établir qu'au large de l'Île d'Oléron, les vagues ont pu atteindre entre 6,50 et 6,60 mètres, soit une erreur en hauteur significative des vagues inférieure à 10 %.

Là aussi, nous constatons que des secteurs sont plus exposés aux vagues que d'autres, notamment l'Île de Ré, où un recul de la dune de 22 mètres a été enregistré, et La Tranche-sur-Mer où, on l'a vu, le niveau d'eau a été très important. D'autres secteurs, comme Charron, ont été soumis à un niveau d'eau assez important, mais pas aux vagues.

En résumé, nous avons observé une érosion significative du cordon dunaire ; une submersion marine de grande ampleur – de 4,5 mètres NGF – ; des dégâts sur le bâti liés à plusieurs processus (érosion, action directe des vagues, projection de blocs, submersion) ; et des dégâts importants sur les infrastructures (port, réseaux, digues).

Pour renforcer la prévention, on peut améliorer la prévision du niveau d'eau au rivage : à l'échelle régionale, en augmentant la résolution spatiale et en tenant compte du set-up ; à l'échelle locale, grâce à une topographie fine qui permettra d'appliquer des modèles beaucoup plus sophistiqués et, ainsi de réaliser des simulations réalistes de la submersion à terre permettant de voir comment s'engouffre l'eau dans les rues... Tout cela nécessite des modèles numériques de terrain – MNT – haute résolution et des bases de données des ouvrages.

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