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Intervention de Rodrigo Pedreros

Réunion du 26 mai 2010 à 17h00
Mission d'information sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête xynthia

Rodrigo Pedreros, ingénieur au département « risques naturels » et sécurité du stockage du CO2 :

La deuxième partie de notre compte rendu concerne les apports de la modélisation numérique.

De façon plus générale, différents processus peuvent être observés lors d'une tempête : une hausse du niveau de la mer, liée à la marée, avec un marnage qui peut être prédit ; une surcote atmosphérique générée par la conjonction du vent et de la dépression atmosphérique ; un déferlement des vagues du large vers la côte, dû au vent et entraînant deux processus : des courants longitudinaux ou perpendiculaires à la côte, mais aussi une surélévation du niveau de la mer. À ce niveau statique de la mer, on parle de set-up, ou surcote liée aux vagues. S'y superpose le niveau instantané : les vagues elles-mêmes dont le mouvement de va-et-vient s'appelle le jet de rive ou swash, et l'altitude maximale le run-up. En fonction de la topographie, il peut y avoir débordement ou pas.

En l'état actuel de nos connaissances scientifiques, nous arrivons à faire de très bonnes prévisions des vagues au large et des niveaux d'eau au large, mais avons plus de difficultés pour calculer le set-up et la submersion marine. En effet, le déferlement des vagues est un phénomène chaotique et le sédiment des plages bouge, d'où la création de brèches et la nécessité de savoir si les ouvrages de défense peuvent retenir l'énergie des vagues et du niveau d'eau.

Nous avons par ailleurs une mauvaise connaissance de la topographie : nous travaillons souvent avec les modèles numériques de terrain de l'Institut géographique national, dans lesquels l'erreur en altitude est plurimétrique. Il nous faudrait des données beaucoup plus précises pour prédire la surverse.

Pour mieux connaître le phénomène de la submersion, nous travaillons énormément sur des projets de recherche destinés caractériser la submersion à l'échelle régionale, avec des approches paramétriques, mais aussi sur des secteurs plus petits avec des données très fines en bathymétrie et en topographie.

J'en viens à nos observations relatives à la tempête Xynthia.

Le zéro hydrographique, c'est-à-dire le repère en altitude du Service hydrographique et océanographique de la Marine, n'est pas homogène sur toutes les côtes de France : d'après ses données de plus basse mer, la marée prédite à La Rochelle-La Pallice atteignait 6,48 mètres. Or le niveau d'eau observé a été de 8,1 mètres. Nous en déduisons donc une surcote atmosphérique de 1,53 mètre.

Qui plus est, les marégraphes sont difficilement utilisables pour obtenir une mesure du niveau d'eau : destinés à prédire la marée et à être utilisés pour la navigation, ils sont installés dans des zones protégées des vagues, essentiellement les ports. Ils enregistrent donc la marée, la surcote atmosphérique, mais pas d'ensemble du set-up. C'est pourquoi nos mesures sur le terrain, près des ports, établissent un niveau de l'eau, mais aussi un niveau de l'avancée de l'eau supérieurs à ceux enregistrés par le marégraphe.

Les 8,1 mètres équivalent à 4,5 mètres NGF. Le nivellement général de la France permet de comparer des altitudes d'un endroit à l'autre. En effet, on a l'habitude de raisonner en « zéro hydraulique » ou par rapport au niveau moyen des océans, alors qu'en matière de submersion il faudrait raisonner par rapport à un référent homogène pour toute la France.

Xynthia est un phénomène peu commun. Lors de la tempête de 1999, le niveau avait atteint 3,25 mètres NGF. À Brest en 1987, la surcote mesurée avait été de 1,40 mètre.

Cette tempête est un phénomène exceptionnel, au point que l'on ne peut pas utiliser les courbes habituelles de période de retour pour la qualifier. Tout ce que l'on peut dire est que les valeurs enregistrées sont supérieures au niveau de période de retour centennal.

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