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Intervention de Manuel Garcin

Réunion du 26 mai 2010 à 17h00
Mission d'information sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête xynthia

Manuel Garcin, ingénieur au département « risques naturel et sécurité du stockage du CO2 :

La première partie du compte rendu relate le déroulement de notre mission préliminaire sur la tempête Xynthia La mission de terrain a été réalisée du 8 au 12 mars 2010 dans le cadre d'un projet de recherche BRGM sur la submersion marine, dénommé RISCOTE, dont les objectifs sont multiples : développement, validation, application d'outils de modélisation numérique des vagues, des courants, des niveaux d'eau, évolution morpho-dynamique liée à la submersion marine. Ce projet nous amène à travailler sur les développements méthodologiques et instrumentaux (acquisition et traitement de données), sur l'établissement de courbes et indicateurs de vulnérabilité des différents environnements côtiers, notamment des plages, et sur les fonctions d'endommagement structurel dû au processus de submersion.

L'objectif de cette mission, menée en collaboration avec l'Office national des forêts – ONF – qui gère les dunes domaniales côtières, et avec l'Observatoire de la côte aquitaine (OCA), a été de recueillir, avant que les traces ne soient effacées, des informations sur les évolutions morphologiques du littoral, notamment les processus d'érosion, les niveaux d'inondation maximum, les dégâts induits, et les processus s'étant produits durant cette tempête. À moyen terme, ces données nous permettront de valider nos approches par modélisation.

Notre mission a effectué environ 300 observations géolocalisées dans une zone correspondant à 240 kilomètres de linéaire côtier à dominante sableuse, avec des formations dunaires plus ou moins développées qui isolent très fréquemment des zones de marais étendues, des secteurs à dominante vaseuse dans quelques baies et une artificialisation assez importante du littoral, avec des levées, des digues, des ouvrages portuaires.

Nos principales constatations portent sur l'érosion, la submersion et les dommages.

Nous avons noté, avec l'ONF, l'érosion de l'ensemble du cordon dunaire. Le recul est en moyenne de 3 à 5 mètres, avec des valeurs atteignant 22 mètres à l'Île de Ré et Olonne-sur-Mer. D'une façon générale, les dunes ont bien joué leur rôle de protection, car il n'y a pas eu de brèche ni de surverse, sauf une brèche dans le secteur de la Belle Henriette à la Faute-sur-Mer. D'où l'importance de suivre l'évolution des dunes, protections naturelles contre les submersions marines.

Nous avons constaté une submersion marine très importante. La cote absolue dépasse 4,5 mètres NGF aux Moutiers-en-Retz, à Charron, La Faute-sur-Mer, L'Aiguillon-sur-Mer – à comparer au niveau extrême de référence centennal, inférieur à 4 mètres NGF.

Les cartographies que nous avons réalisées dans certains secteurs pour établir des limites précises des inondations nous permettront de valider nos modélisations numériques.

Nous avons constaté des dommages sur le bâti, liés à l'érosion et à l'affouillement sous les fondations, en particulier à La Tranche-sur-Mer où beaucoup de maisons ont fortement souffert, parfois de façon irréversible à cause des fissurations, à l'action directe des vagues dans la zone de déferlement et à la subversion marine.

Les dommages sur les infrastructures concernent tous les ports, du fait du débordement, ainsi que les digues et les enrochements. Nous avons noté la formation de « renards » hydrauliques sur des digues solides construites en pierre, notamment dans la baie de L'Aiguillon, et même des projections de bloc d'enrochement de l'autre côté de l'embarcadère de La Tranche-sur-Mer !

Les dommages sur les réseaux routiers sont de plusieurs types. La destruction complète par petits fragments d'une route secondaire, due à la surverse sur la digue de L'Aiguillon, puis au ravinement, a mis a nu les réseaux. À la Faute-sur-Mer, la brèche de la dune de la Belle Henriette, l'invasion de la mer et la submersion au-dessus d'une structure de protection datant des années 1970 ont provoqué des dégâts sur la route et un ensablement des champs en aval.

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