M. le ministre et certains de mes collègues ont fait croire que l'abandon de l'euro, qui est condamné, comme l'a d'ailleurs excellemment rappelé M. Myard, serait la catastrophe. C'est une façon d'imposer un non-choix, une fuite en avant, et vous prenez un malin plaisir à caricaturer la vie économique de notre pays avant l'euro.
Certes, il y eut des dévaluations mais, sur une longue période, la croissance dans notre pays fut très nettement plus forte qu'en Allemagne et il n'y a pas eu de dévaluation par rapport à la plupart des pays de la zone euro. En revanche, nous avons assisté à une réévaluation permanente du mark, parce que la structure de l'économie allemande n'est en rien la même que celle de l'économie française.
Vous annoncez un retour aux catastrophes ; je pense au contraire que c'est une gestion souple des parités monétaires qui peut permettre à notre pays comme à ceux du Sud de s'en sortir tout en conservant une coopération intelligente avec l'Allemagne. D'ailleurs, que je sache, la Suède, qui n'appartient pas à la zone euro, n'est pas moins européenne que nous.
C'est à force de diaboliser l'éventuel échec de l'euro que vous allez petit à petit enfermer l'Union européenne et la construction européenne dans ce carcan de l'euro, qui est en train d'échouer devant nous. Faute de le voir aujourd'hui, vous allez précipiter l'explosion de cette zone.
(L'amendement n° 30 , repoussé par la commission et le Gouvernement, n'est pas adopté.)