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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 31 mai 2010 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Ce qui compte, à l'échelle de l'Union, c'est de pouvoir apprécier le caractère restrictif ou au contraire expansionniste des politiques économiques et budgétaires et de les adapter à la situation conjoncturelle.

Aujourd'hui, le risque majeur est que les politiques d'austérité mises en place partout en Europe cassent la croissance au point de renvoyer la reprise à plus tard et même de remettre en cause la réduction des déficits. Le bon dosage des politiques économiques, c'est que les pays en excédent commercial – je pense naturellement à l'Allemagne – mènent une politique de relance pour alléger la contrainte qui pèse sur les pays en déficits extérieurs. En effet la baisse de l'euro ne résoudra pas le problème des pays en déficit extérieur, car celui-ci est très largement intra-européen.

Quant à agir sous la pression des marchés, c'est la meilleure façon de se tromper tout le temps. En effet les marchés financiers n'ont pas d'autre rationalité que d'essayer d'anticiper ce que tous les opérateurs vont penser quelques jours ou quelques semaines plus tard. J'ai souligné en commission, il y a une quinzaine de jours lors de l'audition de Mme Lagarde, que, après s'être inquiétés des déficits, les marchés financiers s'alarmeront demain des politiques d'austérité et du risque d'une croissance faible en Europe. C'est exactement ce qui est en train de se passer et il faut bien dire que les agences de notations ont ajouté leur dose d'irresponsabilité dans ce domaine.

Nous avons besoin de réguler les marchés financiers. Or force est de reconnaître que pas grand-chose n'a été fait en la matière depuis le début de cette crise malgré tous les discours.

Oui, il faut faire en sorte que les banques arrêtent de spéculer sur les marchés financiers avec l'argent des autres et qu'elles accomplissent leur métier de banquier : gérer des dépôts et accorder des crédits aux entreprises et aux consommateurs en conservant dans leurs comptes une grande partie de ces crédits, et non en s'en défaussant par la titrisation ou les multiples instruments de couverture.

Oui, il faut interdire les ventes à découvert qui permettent de spéculer à partir de rien, de surcroît dans des temps extrêmement brefs, sur le moindre petit écart de marché, avec des résultats qui peuvent s'avérer catastrophiques. La France et l'Allemagne pourraient utilement prendre une initiative commune sur ce sujet.

Oui, il faut s'interroger sur le fonctionnement des agences de notation qui accentuent les crises spéculatives au lieu de contribuer à les prévenir et il convient de mettre en place une agence européenne.

Oui, il faut instaurer à la fois une taxation du profit des banques et une taxation des transactions financières : la première, pour les faire contribuer à la réduction des déficits induits en grande partie par une crise dont elles portent la responsabilité ; la seconde, une taxe Tobin, pour à la fois limiter les transactions spéculatives et contribuer au financement du développement.

Nous pensons nous, socialistes, que l'Union monétaire est une avancée remarquable. Nous estimons qu'elle a protégé nos économies des turbulences mondiales, mais qu'elle ne prendra tout son sens que lorsque nous aurons avancé de façon simultanée dans la construction politique et dans la solidarité qui doit nécessairement accompagner cette union monétaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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