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Intervention de Jérôme Chartier

Réunion du 31 mai 2010 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Chartier :

Le groupe UMP ne suivra évidemment pas le groupe GDR, et chacun aura bien compris qu'il n'approuvera pas cette motion. C'est une histoire, non pas de posture, mais de point de vue. Nous pensons que ce fonds européen de stabilité financière aurait dû être créé en même temps que l'euro.

Reprenons les choses dans l'ordre. À la création d'une monnaie, on se dote de tous les outils en mesure de la promouvoir, de faire croître sa valeur et, le cas échéant, de la défendre.

S'agissant de l'euro, que s'est-il passé ? Une monnaie unique a été instaurée sans que fussent créés des instruments communs de politique économique. Deux principes ont été édictés : la convergence des déficits budgétaires limités à 3 % du PIB ; l'indépendance totale de la Banque centrale européenne. Cette dernière a été interdite d'intervention sur le marché secondaire obligataire, pour éviter la création de monnaie et donc les risques d'inflation.

Tout cela était parfait, sauf que les attaques contre l'euro n'étaient pas prévues. Or la monnaie européenne est attaquée depuis plusieurs mois parce que la dette globale générée par les pays de la zone euro est devenue tellement importante que des opérateurs de marché se sont mis à douter de la capacité de remboursement de certains pays.

C'est assez frappant pour être souligné : sur le marché secondaire, un titre de dette souveraine – c'est-à-dire le type réputé le plus sûr du monde – a été assimilé au titre de dette d'une entreprise en situation de quasi-dépôt de bilan ! Voilà ce qui s'est passé sur les marchés, il y a quelques jours encore.

Bien sûr nous aurions dû prendre ces mesures depuis longtemps. C'est la raison pour laquelle il ne faut plus tarder à mettre en place ce fonds européen de stabilité financière, associé au début de convergence de politiques économiques que représente le pacte de stabilité – ajoutons « et de croissance » – qui pourra peut-être créer une solidarité au moins entre les pays de la zone euro sinon entre les vingt-sept pays de l'Union européenne.

Cela sera-t-il suffisant ? C'est un excellent départ qu'il faut saluer, même s'il est tardif. C'est vrai, monsieur Brard, que nous sommes passés dans un autre système, mais cela ne date pas d'aujourd'hui : nous y sommes passés lors de la création de l'euro.

Aurions-nous pu avoir la lucidité d'y passer totalement lors du lancement de l'euro ? Voilà l'enseignement de l'histoire : nous laissons trop les événements dicter notre conduite alors que la responsabilité du politique est d'initier, de lancer des stratégies et surtout de les mettre en oeuvre et de les faire respecter.

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