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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 31 mai 2010 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

J'en reviens à mon propos, monsieur le ministre. Après la Grèce, c'est en Italie, en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni ou encore en Irlande que la déferlante des plans d'austérité est en train de s'abattre, et la spirale de la récession qu'elle déclenchera inévitablement provoquera encore plus de misère, de chômage, de destruction de pouvoir d'achat et des services publics.

En France, votre gouvernement a déjà annoncé la vente du système de retraite aux assurances privées – certes, ce n'est pas ainsi que vous le présentez, mais c'est la fin que vous poursuivez – ; la privatisation, en douceur pour l'instant, de la SNCF est en marche et, dès le 1er juillet, une nouvelle hausse du prix du gaz frappera les ménages.

Mes chers collègues, j'entends bien sûr vos objections médiatiques : « Il faut arrêter de vivre au-dessus de nos moyens », « Nous sommes en train d'hypothéquer l'avenir de nos enfants » – on entend les trémolos de la voix de M. Woerth. Mais il ne s'agit pas pour nous de nier la gravité de la crise dans laquelle vous avez plongé les finances de notre pays. Les députés du groupe de la gauche démocrate et républicaine, eux aussi, savent lire. Nous savons que cette crise est extrêmement grave pour l'avenir du pays et des jeunes générations. Mais nous savons aussi que cette dette a été savamment creusée par les gouvernements de votre majorité afin de pouvoir présenter leurs plans d'austérité comme des mesures incontournables.

Oui, nous vous accusons d'avoir consciemment et consciencieusement asséché les finances publiques de notre pays au profit des plus riches, par exemple avec le paquet fiscal, y compris le dernier avatar du bouclier fiscal – je sais que cela vous donne de l'urticaire rien que de l'entendre –, afin de rendre ces mêmes riches toujours plus riches. Pour vous, si la santé coûte trop cher, c'est qu'il faut démanteler les soins publics pour permettre aux intérêts privés de s'emparer de ce marché extrêmement juteux ; si les retraites coûtent trop cher, c'est parce que les assurances privées n'y gagnent rien... ou si peu, monsieur le ministre. L'origine de la dette, mes chers collègues, n'est pas de nature arithmétique. L'origine de la dette est de nature politique.

Tout ce que je vous dis là n'est pas le fruit d'une réflexion idéologique ni l'opinion d'un dangereux gauchiste irresponsable : tout cela figure, comme chaque année, dans les rapports de la Cour des comptes. Il y a quelques jours seulement, le Premier président de la Cour, Didier Migaud, nous a expliqué que la baisse des recettes fiscales nettes a représenté 50,9 milliards d'euros en 2009, soit une diminution sans précédent. Écoutez bien : hors inflation, les recettes fiscales nettes ont été d'un montant équivalent à celui de l'année 1979 ! L'État dispose d'autant, ou plutôt d'aussi peu de moyens, qu'il y a trente ans.

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