Au sein de l'Alliance, il n'y a plus de doute sur la nécessité d'une coopération étroite avec la politique européenne de sécurité et de défense. Le secrétaire général met d'ailleurs l'accent sur cette articulation à chacune de ses interventions et je sais qu'il en parle très régulièrement avec Mme Ashton. Avec 21 États en commun, il serait en effet contre-productif que les deux organisations ne travaillent pas ensemble.
À mon niveau, je travaille beaucoup avec l'agence européenne de défense (AED) sur les capacités militaires. Toutes les avancées faites en commun profitent à nos forces et permettent de mieux adapter leurs moyens aux besoins dans un contexte budgétaire difficile. Je suis convaincu que les progrès enregistrés au sein de l'OTAN servent et renforcent la politique européenne de défense.
Le prochain concept stratégique aura une forte dimension déclaratoire mais il devrait être nettement plus allant sur ce sujet que le précédent, comme l'a d'ailleurs montré le rapport des experts. Il ne pourra toutefois pas entrer dans un grand degré de détails car il doit être suffisamment court et lisible pour être accessible au grand public. Cela s'inscrit dans une stratégie de communication de l'Alliance, qui veut être mieux connue et reconnue par les citoyens. Bien que la volonté existe d'insister sur ce point, je pense que le lien avec la politique européenne ne sera pas très développé dans le nouveau concept, sauf peut-être dans un document en annexe.
Pour ma part, j'ai marqué ma volonté de coopération auprès de l'AED et de l'état-major de l'Union européenne et j'ai toujours reçu un accueil très favorable, y compris de la part des pays qui contribuent au blocage politique entre l'Union européenne et l'OTAN. Malheureusement, ces échanges sont aujourd'hui informels et ne concernent pas les nombreuses données classifiées. J'ai cependant assez de latitude pour engager un dialogue constructif me permettant d'avancer en attendant l'accord politique qui permettra de formaliser ces échanges.
Les États-Unis auront toujours une politique de puissance, notamment sur le plan industriel ; mais cela n'est nullement incompatible avec le rapprochement que j'évoquais. Au sein de l'OTAN, je cherche d'ailleurs à rééquilibrer l'aspect industriel. Les industriels européens ont répondu positivement mais ils peinent à placer des interlocuteurs permanents auprès de mes structures, au contraire des Américains qui sont très présents. Je note que les industriels américains ont accueilli favorablement ces initiatives, même si elles entraînent de fait un accroissement de la concurrence.
Nous avons donc de réelles marges de progrès, mais je crois que les avancées capacitaires bénéficieront à la fois à l'OTAN et à l'Union européenne.
Quant à l'Assemblée parlementaire, je ne peux que vous indiquer que je suis intervenu devant une délégation de cette Assemblée à Washington il y a quelques mois et que j'ai beaucoup apprécié nos échanges. J'espère d'ailleurs que ce type de rencontre va se systématiser et se multiplier.