La sécurité énergétique est effectivement une préoccupation majeure : il est primordial de protéger notre accès à l'énergie. Sur ce sujet, je perçois une certaine hésitation et il ne me semble pas qu'un consensus se dégage entre les États membres. Il existe toutefois une volonté commune de défendre les installations énergétiques, étant entendu que les pays font bien la distinction entre les installations nationales, qui relèvent de la sécurité intérieure, et les installations de défense qui pourraient entrer dans le champ d'application des stipulations de l'article 5 du Traité.
Par ailleurs, des études sont en cours concernant les espaces stratégiques communs que sont la mer, l'air, l'espace et le cyber-espace. C'est à travers eux que passent tous les flux vitaux pour nos sociétés contemporaines. En matière énergétique, la mer est principalement concernée. Pourtant, elle n'avait jamais fait l'objet d'études approfondies au sein de l'OTAN : pendant la Guerre froide, nous nous contentions de sécuriser l'espace atlantique pour assurer le ravitaillement venant d'Amérique et nous nous intéressions aux zones arctiques, mais sous un angle purement militaire. L'actualité de la question maritime nous conduit à repenser cette doctrine autour des concepts de surveillance ou de sécurité pour faire face aux nouvelles menaces. Je pense par exemple au développement des actes de piraterie ou des trafics illicites. De même, nous sommes attentifs à l'impact du réchauffement climatique sur les voies maritimes. Enfin, la sécurité du transport des hommes et des biens nous occupe tout particulièrement.
Les travaux étant en cours, il m'est difficile de vous apporter une réponse définitive sur ce sujet, mais j'ai le sentiment que l'enjeu énergétique est désormais bien appréhendé. Il devrait d'ailleurs occuper une place conséquente dans le nouveau concept stratégique.
Quant aux relations avec la Russie, je constate que la question reste un sujet de discussions fort puisqu'il a été largement débattu au cours de la préparation de ce nouveau concept. Certains pays, notamment les nouveaux membres, sont très réticents à un rapprochement avec la Russie. Je crois que cela est en partie lié à la position de l'Alliance qui, depuis la fin de la Guerre froide, a mis l'accent sur le fait que sa sécurité ne s'arrête pas à ses frontières, ce qui a pu affaiblir l'idée de défense territoriale. Il nous appartient désormais de réaffirmer cet engagement, sur un plan politique, mais aussi en procédant à des exercices sur le terrain. Ce faisant, nous rassurerons les États membres et nous arriverons peut-être à leur montrer qu'une relation positive avec la Russie peut se faire au bénéfice de tous.