Premièrement, l'installation à Chambourcy est loin d'être acquise. Le centre hospitalier doit d'abord remplir certaines conditions, à commencer par le redressement de ses comptes. Il doit aussi dégager une marge d'autofinancement puisque l'aide de l'État dans le cadre du plan Hôpital 2012 ne consiste qu'à compenser le surcoût de frais financiers liés aux emprunts, pas à subventionner la construction. Pour financer cette construction, le centre hospitalier doit vendre ses actifs fonciers à Saint-Germain, en coeur de ville, qui valent extrêmement cher, et des actifs à Poissy, moins bien placés, qui valent cher. Encore faut-il que les deux maires ne dévalorisent pas ces terrains dans une autre optique, et que l'établissement de Poissy ne soit pas reconverti en site d'enseignement médical, ce qui nous priverait du produit de sa vente. Mais cela ne suffira pas. Or, et quels que soient les efforts de Gilbert Chodorge, je ne pense pas que l'hôpital puisse faire mieux que parvenir à l'équilibre – ce qui serait déjà formidable. Il n'aura pas de marges pour financer une implantation à Chambourcy. Cela ne peut donc venir que d'une décision politique, dans laquelle Pierre Morange aura un poids déterminant. Nous souhaitons tous que cette décision soit prise : le bassin de vie de Saint-Germain recouvre 350 000 habitants, celui de Poissy 300 000, soit plus que certains départements de province. Nous avons tous intérêt à éviter le report des patients vers Paris et vers le secteur privé. Mais je demeure sceptique sur la réalisation de cette implantation.
Deuxièmement, les affrontements n'ont pas disparu. Aujourd'hui, le directeur essaie de les apaiser, même si la balance penche toujours du côté de Poissy, surtout parmi le personnel médical. Aussitôt qu'il faut nommer un chef de service commun, c'est toujours Poissy qui l'emporte puisqu'ils ont la majorité. Supprimer les urgences et la réanimation à Saint-Germain, comme l'envisage le projet en cours, signerait la mort de notre hôpital. J'ai déjà fait voter à l'unanimité du conseil municipal une motion contre, mais le directeur de l'hôpital essaie d'avoir un point de vue médical. Je pense qu'on devrait tout de même éviter le clash.
Troisièmement, il n'y a pas de culture de l'hôpital unique, ni à Poissy, ni à Saint-Germain. Dès qu'il y a eu une menace sur les urgences et la réanimation à Saint-Germain, les chefs de service du site ont signé une pétition, même après dix ans et malgré mes efforts à la tête du conseil d'administration, où j'ai été réélu. Je soutiens Gilbert Chodorge et j'ai avec M. Métais des rapports beaucoup plus courtois. On peut imaginer aujourd'hui une répartition des rôles conforme aux souhaits de l'agence régionale de l'hospitalisation, avec les urgences et la réanimation à Poissy, et l'ambulatoire et le programmé à Saint-Germain.
Je ne défends pas mon clocher à tout prix et j'ai accepté le départ de nombreux services, notamment de la maternité – on ne naît plus dans le public à Saint-Germain – et de la cardiologie, mais je veux garder un hôpital de proximité, au moins jusqu'à Chambourcy.
Gilbert Chodorge a des qualités humaines, et il a lancé une indispensable modernisation de l'informatique pour mettre à jour l'information, connaître véritablement l'activité et pouvoir la facturer. L'agence régionale de l'hospitalisation paraît satisfaite. Mais il y aura encore des jours difficiles – je le dis même si je suis plus optimiste que par le passé.
Il n'est pas bon qu'un maire soit président du conseil d'administration d'un hôpital. C'est une évidence car il est pris en otage. Si, demain, on découvre un scandale sur les marchés, par exemple, le maire sera éclaboussé. Il est responsable, il prend des coups, mais sans rien contrôler du tout.
Une dernière anecdote : quand je présidais le conseil d'administration, les pouvoirs publics ont décidé de revenir au site unique. M. Buisson sait qu'il n'y a pas de terrain constructible à Saint-Germain mais il paye une étude très chère pour le faire dire. Il n'y en a pas non plus à Poissy, mais le député-maire de la ville suggère de faire un programme d'intérêt général, condamné d'avance, pour s'affranchir des règles locales d'urbanisme. Il me demande de convoquer un conseil d'administration pour entériner. Voyant le piège, j'use de mon seul pouvoir en refusant de signer les convocations. Jacques Masdeu-Arus vérifie que, dans pareil cas, c'est une majorité d'administrateurs qui doit demander la convocation du conseil. La veille, je reçois sur un fax de la mairie de Saint-Germain-en-Laye des convocations, mal rédigées et non signées. Je renonce à lancer une procédure mais, malgré la demande d'une majorité d'administrateurs, je refuse de les signer. M. Buisson est passé outre et le conseil d'administration, présidé par M. Masdeu-Arus, a sans surprise choisi Poissy. En cas de refus du président du conseil d'administration, c'est au patron de l'agence régionale de l'hospitalisation, de convoquer le conseil d'administration sur l'ordre du jour qu'il arrête. J'ai donc envoyé du papier bleu à Buisson, puis à l'agence régionale de l'hospitalisation pour faire invalider une délibération manifestement illégale. L'agence régionale de l'hospitalisation ne réagissant pas, j'en parle à Pierre Morange et nous allons voir le ministre qui, en présence de Jacques Masdeu-Arus, consent du bout des lèvres à dire que la convocation était illégale. Son attitude a d'ailleurs été le prélude à un nouveau changement de pied du Gouvernement. La seule excuse, ou plutôt la seule explication, que je trouve au comportement de M. Buisson est que l'acharnement qu'il mettait dans sa guerre contre moi et contre Saint-Germain ne lui permettait pas de faire de la gestion.