Il existe effectivement des différences significatives entre la situation actuelle et celle des années 1980, mais la situation en Afghanistan nous impose de repenser le contexte en évitant un prisme nord-occidental : l'Arabie saoudite, les monarchies pétrolières et les fonds privés constituent de grandes puissances aux yeux des talibans. À l'époque soviétique, les Moujahedeens Afghans étaient armés et financés par les grandes puissances, mais aussi par les monarchies pétrolières. Bien qu'elle reste informelle et de nature privée, cette source de financement est encore présente, à côté du narcotrafic, qui a pris une nouvelle dimension.
Si les talibans ne disposent pas aujourd'hui de missiles Stinger, il faut rappeler que ces armes ne sont arrivées que dans la toute dernière phase du conflit à l'époque soviétique. Les talibans utilisent aujourd'hui le kamikaze, alors qu'il était autrefois inconcevable pour un moudjahidin de se suicider. On peut y voir une forme de contamination par le djihadisme international.
Les Américains font preuve d'une lucidité nouvelle, ce qui leur a permis d'intégrer de nouveaux paramètres et de modifier sensiblement la façon dont ils gèrent leurs opérations militaires. Sans renoncer à leur volonté de frapper fort, ils ont intégralement repensé leurs protocoles d'intervention, et nous sommes très fiers de ce que nous avons réussi à notre contribution dans ce domaine. Les statistiques montrent que les allégations de violations du droit de la guerre et les dommages collatéraux se réduisent, du côté des forces coalisées, en dépit de l'augmentation du nombre d'interventions.
Comme l'ont montré certains spécialistes de ce type de conflit un mouvement insurrectionnel n'a pas besoin de gagner la guerre : il lui suffit de ne pas la perdre, et d'attendre que l'ennemi se fatigue. Le temps est donc un facteur essentiel, chaque cadavre de soldat qui revient en Allemagne ou en France portant un coup à l'effort international.