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Intervention de François Baroin

Réunion du 26 mai 2010 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

François Baroin, Président directeur général d'OSEO :

Je précise aux différents intervenants que notre méthode de travail consiste à répondre aux sollicitations des entrepreneurs. Ce n'est donc pas de notre propre initiative que nous nous intéressons à tel ou tel secteur mais toujours pour répondre à une demande.

Il me semble tout aussi indispensable de rappeler la différence fondamentale entre recherche et innovation : la recherche consiste, en exploitant au mieux les techniques disponibles, à transformer de l'argent en idées ; l'innovation, à entraîner les marchés pour créer de la richesse à partir d'une idée. En France, nous avons historiquement du mal à rapprocher les deux mondes : les entrepreneurs voient les chercheurs comme des « Nimbus », les chercheurs les entrepreneurs comme des money makers sans scrupules… En créant des synergies, les pôles de compétitivité contribuent pour beaucoup à dissiper ce malentendu. Et cela est indispensable, car, pour créer de la richesse, il faut à la fois de l'argent et des idées !

Selon le rapport Guillaume sur la valorisation de la recherche paru en 2007, la France, via l'économie de la connaissance, concentre à l'excès la ressource sur la recherche amont alors qu'il faudrait aussi faire porter l'effort sur les nouveaux débouchés. OSEO a donc un rôle à jouer dans la fluidification de l'ensemble de la chaîne.

Monsieur Chanteguet, nous soutenons des projets qui ont trait à l'économie circulaire lorsque les entrepreneurs concernés nous le demandent, nombre d'entre eux ayant trait au traitement des déchets, souvent selon des modalités extrêmement pertinentes. De l'avis général, la France n'est du reste pas en retard dans le domaine des clean techs.

Je précise à M. Cochet que nous disposons d'équipes d'ingénieurs et de techniciens parfaitement à même d'évaluer la pertinence technique d'un projet donné.

L'économie de la fonctionnalité progresse et constitue à nos yeux un axe intéressant. Vous avez pris l'exemple pertinent des locations de pneus, j'évoquerai pour ma part la location et le recyclage des palettes qui illustrent l'importance des normes et de la réglementation dans la facilitation de l'économie de la fonctionnalité. S'il n'était pas interdit de brûler les palettes, les entreprises ne feraient pas l'effort de les entretenir et de les recycler. L'existence de normes adaptées est donc déterminante pour développer de nouvelles activités rentables.

Dans le domaine de l'économie renouvelable, OSEO participe au financement de quatre projets sur dix, en particulier dans l'éolien et le photovoltaïque.

Vous m'avez demandé si la mutation vers l'économie verte relevait du mirage ou de la réalité. Je suis pour ma part convaincu que c'est une réalité économique, animée principalement par des petites entreprises, et souvent sur des créneaux. Il ne faut cependant pas oublier que l'innovation peut « bégayer » : on lance des pistes, et, au final, l'on suit parfois une autre direction…

En 2009, l'activité d'OSEO a été particulièrement dense : 107 209 interventions au profit de quelque 80 000 entreprises, pour un montant versé aux entreprises de l'ordre de 26 milliards d'euros.

Je crois aux pôles de compétitivité, qui font gagner beaucoup de temps aux PME et contribuent à la dissipation des préjugés que j'évoquais tout à l'heure. Encore faudra-t-il affiner leurs modalités d'évaluation, notamment pour ce qui concerne leur activité de soutien à l'innovation. A présent que nous sommes en charge de la gestion du Fonds unique interministériel (FUI), cette démarche d'évaluation des pôles représente l'une de nos priorités.

S'agissant des objectifs de réduction des émissions de GES, M. Cochet m'a demandé s'il était préférable de les fixer à moins 20% ou moins 30% en 2020. Je suis au regret de lui répondre qu'OSEO n'a pas d'avis autorisé sur ce type de problématique macroéconomique !

Pour en revenir au réseau d'ingénieurs et à leur aptitude à juger de la pertinence des projets qui leur sont soumis, je rappelle qu'ils ont mis en évidence le fait que le recours massif aux biocarburants pouvait s'apparenter à une fausse bonne idée, la dépense primaire d'énergie étant excessive.

Aujourd'hui, nous mettons plutôt l'accent sur le photovoltaïque, même s'il convient de déplorer que la filière industrielle ne soit pas française. Pour l'éolien, les jeux semblent déjà faits, sauf peut-être pour ce qui concerne les éoliennes Vergnet…

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