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Intervention de Danièle Karniewicz

Réunion du 11 mai 2010 à 19h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Danièle Karniewicz, Présidente de la CNAVTS et secrétaire nationale de la CFE-CGC :

La vraie question ne consiste pas à demander aux Français s'ils veulent travailler plus. Il faut, avant tout, s'interroger sur notre pacte social : de quel niveau de vie doit-on bénéficier une fois qu'on est à la retraite ? Cette question n'étant jamais posée, elle ne sera pas réglée et l'on va continuer à réduire considérablement le niveau des pensions.

On invoque sans cesse le principe d'égalité de traitement entre les salariés du privé et ceux des autres régimes, mais il n'existe déjà pas en termes de lisibilité.

Il faudrait donc commencer par poser la question du niveau des retraites, puis celle des moyens permettant de le garantir. On ne parle du niveau des retraites que dans la fonction publique. Dans la perspective d'un calcul des pensions sur la base des vingt-cinq dernières années, et non plus du salaire perçu au cours des six mois précédant la retraite – mesure destinée à faire croire que la question de l'inégalité de traitement sera ainsi résolue –, les fonctionnaires demandent que l'on raisonne en termes de taux de remplacement. Afin d'obtenir un taux proche de 75 %, ils souhaitent en particulier que l'on intègre leurs primes, parfois d'un montant élevé, sur lesquelles ils n'ont pas cotisé. Si l'on pose aujourd'hui la question de la lisibilité, on le fait seulement dans le secteur public, là où elle existe déjà, et non dans le secteur privé.

Nous demandons, pour notre part, l'instauration d'un « bouclier retraite » en s'entendant sur un niveau minimal de pension. Je pense notamment aux jeunes, de plus en plus nombreux à commencer à travailler après trente ans. Mais il faut être conscient que ce serait une mesure coûteuse, exigeant des efforts supplémentaires.

Il est aujourd'hui question de modifier l'âge de la retraite etou la durée de cotisation et de ne toucher que très peu aux recettes. Comme cela ne suffira pas, le niveau des pensions diminuera nécessairement. Cela rend, en outre, toute réflexion sur la solidarité du système plus difficile. On ne sait déjà plus très bien, aujourd'hui, si l'on cotise en vue de sa propre retraite ou pour financer des efforts de solidarité.

Le cumul emploi-retraite mérite aussi réflexion. Il est aujourd'hui possible de cumuler sa pension de retraite avec des revenus du travail, mais seulement lorsqu'on dispose de droits propres à la retraite, et non quand on bénéficie de droits dérivés. Une veuve qui a renoncé à travailler pour élever ses enfants touche une pension de réversion sous conditions de ressources. Si elle travaille, elle va perdre tout ou partie de sa pension de réversion. Le cumul emploi-retraite est donc impossible pour ceux qui sont le plus dans le besoin, notamment les femmes. Je rappelle que le montant des pensions de réversion versées par la CNAV ne dépasse pas 800 euros et qu'il y a aujourd'hui une volonté d'étendre la condition de ressources, qui aujourd'hui n'existe pas pour les retraites complémentaires. Sans être favorable au système des pensions de réversion en tant que tel, je considère que c'est aujourd'hui une nécessité et que nous devons absolument le préserver.

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