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Intervention de Fernand Verger

Réunion du 19 mai 2010 à 16h00
Mission d'information sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête xynthia

Fernand Verger, géographe, professeur à l'école normale supérieure, membre du Conseil national du littoral :

Il faut au contraire, dans ces zones, recommander les Velux et la construction de maisons en élévation. Elles doivent disposer au moins d'un refuge situé à deux mètres de haut. Au-delà, le risque est en effet très faible. Aux Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark, j'ai vu beaucoup de fermes établies sur des buttes refuges.

J'en viens aux digues dormantes, dénommées aux Pays-Bas slaperdijk. Pendant la dernière tempête, toutes les digues dormantes en France ont été submergées.

Les rapports publiés par les Ponts et Chaussées après les inondations de 1940 font apparaître un certain agacement envers l'attitude des paysans des communes de Beauvoir et de Bouin. Ceux-ci attendaient respectueusement la prescription trentenaire pour prélever les perrés, les pierres – bref l'ensemble du matériel – de toutes les digues dormantes afin de construire leurs maisons. Les Ponts et Chaussées voyaient là l'une des causes principales de leur dégradation.

Cependant, depuis cette date, les digues dormantes ont subi d'autres chocs encore. Ainsi, les abaissements aménagés pour permettre le passage des tracteurs et des lourds engins agricoles ont été causes d'entrées d'eau considérables.

J'ai aussi vu en Frise, aux Pays-Bas, des digues dormantes franchies par des routes. Pour autant, la digue était parfaitement entretenue. La route la traversait entre deux murs, qui ainsi la soutenaient. Dans chacun de ces deux murs avait été ménagée une encoche. Sur le toit de la digue étaient posés des madriers et des sacs de sable. Il était donc possible, en cas d'alerte, de barrer chacun des deux côtés de la passe avec les planches, et de remplir de sable l'espace au centre.

Les conditions de l'alerte donnée par Météo France auraient permis de procéder ainsi. En revanche, eu égard à l'état général des digues, l'intérêt d'une telle opération aurait été très limité.

Je ne vous propose pas un programme de restauration de toutes les digues dormantes de France. Il serait cependant possible de réfléchir à un système de « digues de retraite », pour reprendre le terme traditionnel des marais de l'Ouest, bref à la création de lignes de retraite. Cette idée mériterait d'autant plus examen s'il était décidé de laisser des possibilités de submersion des digues de mer – leur revers étant quant à lui protégé – lorsque les zones qu'elles isolent de la mer sont dépourvues d'habitat. La digue de retraite permettrait de protéger celui-ci.

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