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Intervention de Jacqueline Fraysse

Réunion du 25 mai 2010 à 15h00
Parité des candidatures aux élections législatives — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, chers collègues, comme j'ai eu l'occasion de le dire lors de la discussion générale, le retard de la France en terme de parité est préoccupant. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre de voir la place accordée aux femmes dans notre assemblée.

Préoccupant dans de nombreux domaines, ce retard l'est particulièrement dans celui de la prise de responsabilité politique.

Les 25-40 ans sont largement sous-représentés dans les formations politiques comme dans les institutions. Ce n'est évidemment pas un hasard, car concilier l'investissement que demande la participation à la vie politique avec une activité professionnelle et une famille est une performance difficile à réaliser.

Pourtant, la parité est une richesse dont notre pays a tort de se priver. L'apport des femmes, porteuses d'une sensibilité et d'une expérience différentes, à un système économique, politique et sociétal construit par et pour les hommes, est essentiel. S'y ajoute une question de démocratie, car, faut-il le rappeler, les femmes représentent 50 % de l'humanité.

Aussi nul ne saurait défendre la situation actuelle. Je constate d'ailleurs que nul ne s'y est risqué, du moins publiquement. Mais au-delà des discours, nous sommes jugés sur nos actes. Et c'est là que commencent les difficultés.

Pour favoriser la parité, il est nécessaire de faire feu de tout bois et d'avancer dans plusieurs directions. A côté des réformes institutionnelles, comme celle proposée par ce texte, des réformes de société sont également indispensables pour encourager la participation des femmes à la vie politique : aménager les temps de travail, répartir les travaux domestiques et les tâches familiales et développer les services publics qui les facilitent comme ceux de la petite enfance, ce qui n'est pas le choix de ce gouvernement.

Le texte qui nous est proposé envisage de renforcer les sanctions financières en cas de non-respect de la parité dans le nombre de candidats proposés aux élections législatives. Il s'agit certes d'un texte très modeste au regard de l'importance du chantier à ouvrir et des progrès à accomplir : présenter 50 % de candidates femmes ne signifie nullement qu'il y aura 50 % de députées élues. On aurait donc pu espérer, surtout après tous les beaux discours prononcés sur la parité, que cette petite avancée proposée par nos collègues socialistes ferait consensus.

On aurait pu l'espérer plus encore après la déclaration forte du Premier ministre se prononçant, devant l'assemblée des femmes, pour « un renforcement très dur des pénalités financières pour les partis qui ne respectent pas la parité, en mettant en place des dispositifs insupportables »

Mais tel Zelig, cet homme-caméléon décrit par Woody Allen, M. Fillon et sa majorité parlementaire adoptent le point de vue de ceux qui les écoutent : favorables à la parité lorsqu'ils s'expriment devant des femmes, mais finalement pas d'accord quand ils se retrouvent entre eux.

Renonçant à passer aux actes après toutes ces déclarations, nos collègues de la majorité se sont livrés à de douloureuse contorsions au cours d'un véritable bal des hypocrites pour nous expliquer qu'ils sont pour une égale répartition des hommes et des femmes, mais qu'ils ne voteront pas ce texte dont c'est l'objectif et qui, encore une fois, est loin d'être révolutionnaire.

Si l'on ajoute le fait que ces mêmes députés s'apprêtent à approuver, avec la réforme des collectivités, une modification du mode d'élection des conseillers régionaux qui devrait faire chuter la part des femmes dans les seules assemblées où elles étaient convenablement représentées, on mesure la distance des paroles aux actes.

Tout cela n'est guère glorieux et ne nuit pas seulement à la représentation des femmes et à la démocratie ; affirmer une chose pour faire son contraire, c'est nuire aussi à la crédibilité de la parole politique. C'est grave.

Comme je l'ai dit, ce texte est d'une portée limitée, mais il va dans le bon sens. C'est pourquoi le groupe GDR le votera. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe SRC.)

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