Monsieur le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique, quand donc allez-vous dire la vérité aux Français sur votre réforme des retraites ? (« Très bien ! » sur les bancs du groupe SRC.) Vous êtes incontestablement devenu le roi de l'esquive, mais il est temps, il est grand temps maintenant de reconnaître que votre choix est fait, et qu'il est de supprimer la retraite à soixante ans, de faire supporter tout l'effort par les salariés et, d'abord, par les ouvriers et les employés.
Dans cette réforme, l'idéologie est de votre côté ! Les doctrinaires sont à l'UMP (Protestations sur les bancs du groupe UMP), oui, à l'UMP et au Gouvernement ! Vous avez l'obsession d'imposer la même chose à tout le monde, aux ouvriers et aux employés comme aux cadres supérieurs.
Nous, nous défendons la retraite à soixante ans non par idéologie, mais par volonté de justice. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) La retraite à soixante ans, ce n'est certainement pas une obligation, mais c'est assurément une protection pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes et ne sont franchement pas les plus riches.
Car la vérité, monsieur le ministre, c'est que votre réforme repose sur un double mensonge et sur une double injustice.
Ce que vous ne dites pas, c'est qu'il y a des centaines de milliers de Français qui partent à la retraite à soixante ans en ayant cotisé un ou deux ans de plus que nécessaire, sans que cela leur rapporte un centime de pension en plus. Où est la justice, pour ces centaines de milliers d'ouvriers et d'employés qui ont commencé à travailler avant vingt ans sans jamais s'arrêter ?
Ce que vous ne dites pas, monsieur le ministre, c'est que, entre cinquante-cinq et soixante ans, près de la moitié des salariés sont sans emploi, alors qu'ils n'ont qu'une volonté, celle de travailler. Où est la justice pour ces deux millions de Français sans emploi que vous condamnez à plus de chômage ?
La France que vous nous préparez aura moins de retraités et plus de chômeurs. Ce n'est manifestement pas une belle avancée ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)