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Intervention de Jacques Attali

Réunion du 19 mai 2010 à 10h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Jacques Attali :

J'ai dit que nombre de nos propositions n'avaient pas été totalement appliquées : nous ne pouvons pas être tenus pour responsables du caractère partiel de leur mise en oeuvre.

Notre commission est tout à fait disposée à débattre avec vous de l'efficacité et de la réalité de leur mise en oeuvre et à apporter son expertise, dans la mesure où elle vous semble utile, à un réexamen de la LME, par exemple, ou encore du statut d'auto-entrepreneur, qui peut d'un certain point de vue favoriser une concurrence déloyale.

Notre rapport insiste fortement sur l'importance de la simplification administrative, mais les nombreuses propositions qu'il comporte à cet effet sont restées sans suite.

Quant à expliquer les mauvaises performances du système scolaire français, je ne suis pas sûr d'y parvenir aujourd'hui, et je serais ravi que nous approfondissions ensemble cette question. Mon sentiment personnel est qu'à gauche comme à droite, on a toujours considéré que le système fonctionnait. En outre, beaucoup de réformes ont été votées sans être réellement appliquées : les zones d'éducation prioritaires n'ont pas vraiment été prioritaires ; les traitements des professeurs n'ont jamais été vraiment différenciés ; les élèves en difficulté n'ont pas vraiment bénéficié de cours adaptés, etc. Nous allons beaucoup travailler sur ces questions.

Les erreurs de communication que j'ai sans doute commises au moment de la publication du rapport doivent être replacées dans leur contexte, la grève des taxis laissant le sentiment que le rapport avait été jeté à la poubelle dans la semaine qui a suivi. Cela n'a heureusement pas été le cas. C'est pourquoi nous préférons désormais débattre avec vous de nos travaux avant, plutôt qu'après leur publication, afin d'y apporter les modifications qui se révéleraient nécessaires.

Je crois exprimer la position de la Commission en disant que nous ne regrettons aucune des mesures que nous avons proposées. On peut estimer en revanche qu'il manque certaines choses. Vous évoquez l'encadrement des bonus : si l'inégalité des revenus est en effet scandaleuse, le niveau de rémunération des traders n'a rien à voir avec la crise actuelle. Encadrer les bonus, ce serait faire comme l'ivrogne qui cherche sa clé sous un réverbère, non parce qu'il l'a perdue là, mais parce que c'est là qu'il y a de la lumière. C'est l'absence de régulation du secteur spéculatif qui est au fondement de la crise.

Plus généralement, on peut reprocher à notre rapport, en effet, de ne parler que de la France. Nous avons choisi de nous limiter aux propositions dont la mise en oeuvre relevait du pouvoir politique français. Nous n'avons pas développé d'une façon suffisamment explicite la position de négociation qui doit être celle de la France, au niveau européen, comme dans le cadre des G7, G8 ou G20. Cette réflexion fera l'objet d'une des cinq priorités, et nous serons très heureux d'en débattre avec vous.

Notre commission, qui compte parmi ses membres des acteurs importants du monde syndical et de grands experts du syndicalisme, n'a évidemment pas le sentiment que le syndicalisme soit en soi un obstacle à la croissance : je pense au contraire que la faiblesse actuelle du syndicalisme français constitue un obstacle à la confiance, et donc à la croissance.

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