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Intervention de Jacques Attali

Réunion du 19 mai 2010 à 10h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Jacques Attali :

Il faut en effet accélérer le déploiement du très haut débit et viser une couverture totale du territoire avant 2016 si on veut assurer les meilleures conditions de mise en place d'un e-government local. Ce type d'administration des collectivités fait déjà l'objet d'expérimentations avancées, notamment en Bourgogne.

Nous nous étions clairement prononcés contre la solution qui a finalement été retenue dans la loi Hadopi et en faveur d'un dispositif similaire à la licence globale, et nous n'avons pas changé d'opinion. Le contrôle instauré par la loi sera, au mieux inefficace, au pire policier. La protection du droit d'auteur sera mieux assurée par la taxation des fournisseurs d'accès. La mise en place de formules d'abonnement global est également une piste intéressante, même si ce type d'accord entre les fournisseurs de contenu et les opérateurs risque de réduire la part des artistes à la portion congrue. Il est donc crucial d'agir maintenant, afin que la gestion de ces recettes nouvelles n'échappe pas aux sociétés d'auteurs. Ce n'est malheureusement pas du tout la voie dans laquelle on s'engage aujourd'hui, certains artistes préférant, par méconnaissance de leurs propres intérêts, défendre des droits anciens plutôt que de s'attacher à la promotion de droits nouveaux.

Nous aurions dû en effet, monsieur de Rugy, inscrire plus clairement l'environnement au nombre de nos priorités : c'est une très bonne remarque et nous allons en tenir compte. C'est que pour nous cela va sans dire : tout développement doit être durable et c'est une préoccupation permanente dans notre travail. Elle est présente, au moins implicitement, dans notre cinquième priorité : assurer l'équilibre entre les générations impose de réduire, non seulement la dette publique et celle de retraites, mais aussi la dette environnementale, la dégradation de l'environnement pesant également sur les générations futures.

En ce qui concerne le rapport Stiglitz, je suis favorable à la recherche d'autres indicateurs que le PIB. Je vous renvoie à l'exemple du Bhoutan, petit pays qui distingue neuf indicateurs de développement, dont le PIB, tous très opérationnels et examinés tous les ans par le Parlement.

L'impact de notre rapport sur la croissance est très difficile à mesurer. Certains l'évaluent à 0,3 % ; j'aurais pour ma part du mal à indiquer le moindre chiffre. La croissance, je le répète, c'est d'abord une question de confiance. Or tout indique que ce pays n'a plus confiance en lui-même, dans ses institutions ni dans un projet collectif. Tant que cette confiance ne sera pas restaurée, la croissance ne reviendra pas. Nous ne pouvons que proposer des mesures techniques, qui ne sont au mieux que les conditions d'une confiance que seul un sentiment collectif de légitimité, de justice et de vérité pourra ressusciter.

On pourra toujours dire que la croissance n'est pas le sujet : sans croissance, la dette augmente mécaniquement et le pays décline. Si elle n'est pas une condition suffisante, elle est vraiment une condition nécessaire.

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