Mon propos va dans le sens de ce que vient de dire M. Muet : vos propositions ne me semblent pas à la hauteur des enjeux actuels. Elles ne permettront sans doute pas d'atteindre les objectifs que vous avez vous-même fixés pour 2012 – quatre millions de pauvres en moins ; un taux de chômage ramené à 5 % et un taux d'endettement public de 55 %. On m'opposera la crise, mais celle-ci avait été prévue par certains économistes. Cela pose surtout la question de la fiabilité de ce type de prospective économique : il paraît complètement farfelu de se fier, dans ces conditions, à des projections sur dix ans, voire sur quarante ans, comme celles qui fondent notre débat autour des retraites.
Ce qui plombe l'économie, c'est ce que certains appellent la dictature des marchés financiers, dont on éprouve aujourd'hui les dégâts. Il s'agit donc de trouver les moyens de s'attaquer à la spéculation financière. Une revue générale des politiques publiques ne suffira pas à réduire la dette publique, le problème principal n'étant pas l'utilisation de l'argent public, mais celle de l'argent privé. C'est, je le répète, aux marchés financiers qu'il faut s'attaquer, comme l'économiste Patrick Artus le recommande, parce qu'ils ne font rien d'utile des liquidités dont ils se gavent jusqu'à l'overdose.
Vous avez parlé de courage : aujourd'hui, le courage serait de sortir d'une logique qui ne fonctionne plus, et plutôt que d'appeler à développer encore la concurrence, de reconnaître, avec Joseph Stiglitz, que celle-ci devient délirante.