Voilà encore une occasion manquée ou un acte manqué, au point qu'il faudrait peut-être faire un peu de psychanalyse pour déceler ce que l'attitude du Gouvernement peut recouvrir. Force est de reconnaître que le bouclier fiscal est indécent et même antirépublicain en ce qu'il s'oppose au principe même de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen selon lequel chaque citoyen contribue aux dépenses de la nation en fonction de ses capacités. À l'inverse, à cause du bouclier fiscal, les citoyens les plus aisés échappent à l'impôt sur le revenu et aux impôts sur le patrimoine.
Comment avoir l'audace, monsieur le ministre, d'appeler à l'union nationale quand vous demandez l'effort le plus important aux plus faibles ? Comment avez-vous pu penser que, face à autant d'injustices, nos concitoyens vivant déjà très mal leur situation d'urgence et d'exaspération sociale – et peut-être faudra-t-il parler demain d'explosion sociale –, nous pourrions tirer la charrette tous ensemble ? Comment le pouvez-vous quand 15 % des Français vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 800 euros par mois et n'ont plus un euro dans leur porte-monnaie le 20 du mois et deviennent les victimes d'un surendettement cruel pour leur famille et pour eux-mêmes ; quand 15 millions de Français bouclent leurs fins de mois avec moins de cinquante euros en poche, et quand votre prédécesseur avait eu le culot de nous dire ici, le mardi 26 janvier, qu'il était impossible de trouver 130 millions d'euros pour augmenter la retraite des agriculteurs, celle de leurs conjoints et celle des aides familiaux, alors que vous trouvez aisément 250 millions d'euros pour M. Tapie…