Le PNRU est un outil fondamental pour réduire les inégalités territoriales, mais aussi pour organiser volontairement et concrètement la mixité sociale.
Pour que le volet urbain de la politique de la ville soit complet, il faut en effet articuler la rénovation urbaine avec le désenclavement. Les zones urbaines en difficulté sont trop souvent excentrées, enclavées, coupées des bassins de vie et d'emploi, ce qui isole durablement les habitants des quartiers populaires.
La réduction de cette fracture territoriale conditionne l'efficacité des autres actions de la politique de la ville. C'est pourquoi j'ai mobilisé 500 millions d'euros pour aider au désenclavement des quartiers. Il s'agit, grâce à une meilleure desserte par des transports en commun de qualité, de permettre aux habitants d'accéder plus simplement à l'ensemble de la ville, aux emplois, aux équipements publics et privés, aux activités et aux services.
La dynamique « Espoir banlieues » apporte ainsi son concours à quatre projets structurants en Île-de-France, comme le débranchement du tram-train T4 vers Clichy-sous-Bois et Montfermeil, ou encore la tangentielle Nord entre Sartrouville et Noisy-le-Sec. Elle participe aussi à trente-sept projets de désenclavement lourd en province.
Parallèlement, des projets légers et complémentaires contribuent à améliorer l'offre locale de transports en commun. Ils répondent ainsi à des besoins de déplacements spécifiques qui ne peuvent être couverts par une offre classique en proposant, par exemple, l'allongement des amplitudes horaires de bus ou le transport à la demande.
Très prochainement, un nouvel appel à projets sera lancé pour renforcer cette ambition. Mon combat, vous l'avez compris, dépasse le seul enjeu de l'urbain, car la ville est un tout et il nous faut travailler sur toutes ses composantes et sur tous ses aspects.
En reliant ces quartiers aux autres agglomérations, le désenclavement concourt à la lutte contre le chômage, qui est au centre de ma préoccupation et de celle du Gouvernement.
Dans son rapport 2009, l'Observatoire national des zones urbaines sensibles, créé en 2004 et réformé dernièrement – il s'agissait de lui donner plus d'indépendance et plus d'autorité –, constate que près d'un jeune sur quatre vivant en zone urbaine sensible en 2008 est au chômage ou en inactivité, alors que ce taux est d'un jeune sur huit hors des zones urbaines sensibles.
Cependant, ces chiffres ne doivent pas nous empêcher de regarder les signes favorables que révèlent les dernières données de la DARES datant d'avril 2010. Elles indiquent, certes, une augmentation de 14,8 % des demandeurs d'emploi en ZUS sur un an. Mais, si ce chiffre reste préoccupant, il est en dessous de l'augmentation de 19,6 % constatée au niveau national. C'est dire que lorsqu'on fait de nos territoires en difficulté le lieu d'une mobilisation collective de l'État, des collectivités locales et des associations, cela donne des résultats.
J'ai visité il y a quelques jours, en compagnie du Premier ministre, François Fillon, le campus des métiers de Seine-Saint-Denis, financé notamment par les collectivités locales. Voilà un bel exemple qui va dans le sens de Refaire la ville ensemble : c'est ça, la dynamique « Espoir banlieues ».
Pour apporter des réponses à ce chômage qui ronge les quartiers, j'ai souhaité compléter l'ensemble des dispositifs existants par un outil novateur auquel j'ai consacré 65 millions d'euros : le contrat d'autonomie.
Ce dispositif cible les publics les plus éloignés de l'emploi, à savoir les jeunes de moins de vingt-six ans sans qualification qui habitent les quartiers prioritaires et qui, pour la majorité d'entre eux, ne sont pas inscrits dans les missions locales. Il permet d'apporter une formation qualifiante au jeune ou de l'accompagner dans son insertion professionnelle.
Un partenariat efficace s'est ainsi mis en place entre les opérateurs de ces contrats et les services publics de l'emploi au bénéfice de jeunes qui échappaient jusqu'à présent au maillage existant.
Aujourd'hui, malgré un démarrage compliqué, 500 contrats sont signés toutes les semaines. Au total, près de 28 000 contrats ont été conclus, et 4 637 jeunes des quartiers ont été accompagnés vers un emploi stable, une formation qualifiante ou la création d'entreprise.
Au-delà du contrat d'autonomie, j'ai souhaité mobiliser les entreprises à travers plusieurs partenariats. Il y a tout d'abord l'effort des cent deux entreprises et fédérations désormais signataires de l'engagement national pour l'emploi des jeunes des quartiers – Microsoft, JC Decaux, et Paprec sont les plus récents partenaires de ce programme. Grâce à lui, près de 39 000 jeunes venant des zones urbaines sensibles ont signé un contrat de travail, commencé une formation en alternance ou obtenu un stage et, dans ce cadre, 21 000 embauches supplémentaires sont prévues pour 2010.
Cet engagement est un succès tant pour le jeune qui trouve un emploi ou complète sa formation que pour les entreprises elles-mêmes qui ont compris que la diversité est un atout et une richesse au service de notre compétitivité. Aujourd'hui, d'autres partenaires rejoignent la dynamique, notamment la Fédération nationale des entreprises publiques locales, qui regroupe 1 087 entreprises, avec laquelle j'ai signé un protocole d'accord prévoyant le recrutement de plus de mille jeunes sur trois ans.
Pour donner plus de forces au volet économique de la politique de la ville, j'ai demandé en juillet 2009 à M. Abdel Aïssou, directeur général délégué du groupe Randstad, de mettre en place le CNEB, le Conseil national des entreprises pour la banlieue. Le CNEB a lancé plusieurs actions pilotes, notamment à Creil et à Nice, en liaison avec les universités de Picardie et Sophia-Antipolis, afin de construire un parcours professionnel sécurisé adapté aux difficultés des jeunes des quartiers. Des secteurs d'avenir sont concernés, comme le développement durable ou les services à la personne, véritables viviers de création d'emplois.
Le programme « Banlieues 2.0 », que j'ai annoncé, avec notamment la création d'une banque de stage numérique, autrement dit une application sur téléphone mobile, s'inscrit également dans le cadre du CNEB. Il vise à faciliter l'accès des jeunes aux emplois et aux formations du numérique, et à favoriser, pour ce secteur, la création d'entreprises et l'implantation de start-up en banlieue.
Nous savons tous que de nombreux habitants de quartiers, notamment les jeunes veulent créer leur entreprise. C'est pourquoi a été mis en place, dans le cadre de la dynamique « Espoir banlieues », un dispositif prévoyant 20 000 créations d'entreprises. Résultat : plus de 22 000 entreprises ont vu le jour. C'est un vrai succès.
Autre volet du dispositif de lutte contre le chômage des habitants des quartiers : les clauses d'insertion. Aujourd'hui, dans le cadre de la rénovation urbaine, les clauses d'insertion vers l'emploi dans les marchés publics ANRU commencent à porter leurs fruits : près de 12 500 personnes issues des quartiers populaires en ont déjà bénéficié. Je suis favorable à ce qu'on réfléchisse à l'instauration d'une clause sociale dans tous les marchés publics pour démultiplier leurs effets sur l'emploi des personnes en difficulté.
Au-delà de ces dispositifs spécifiques, les autres mesures annoncées par le Gouvernement bénéficient également aux habitants des quartiers populaires. C'est le cas du plan « Rebond pour l'emploi », du contrat unique d'insertion et de toutes les mesures en faveur de l'alternance ou de l'apprentissage.
Vous l'aurez compris, la mobilisation du Gouvernement en matière d'emploi est totale. Mon souci et ma détermination sont d'amener tous les habitants des quartiers vers un emploi durable.
Mais pour qu'il y ait de l'emploi, il faut de l'éducation et de la formation. L'éducation est donc au coeur de ma démarche. Vous connaissez les trois grandes priorités de la dynamique « Espoir banlieues » en matière d'éducation : la promotion de l'égalité dans l'accès aux filières d'excellence, l'aide aux enfants en difficulté ainsi que le renforcement de la sécurité dans les écoles des quartiers populaires.
L'accès aux filières d'excellence s'est développé. Pour la première fois, dès 2010 – soit un an avant l'objectif fixé par le Président de la République –, les classes préparatoires aux grandes écoles accueillent 30 % de boursiers. Enfin ! Aujourd'hui – ce n'est vraiment pas trop tôt ! – les enfants des classes populaires ont accès aux grandes écoles comme l'ENA, HEC ou l'ESSEC. Je l'ai dit dès ma prise de fonction : il faut faire émerger l'élite des quartiers populaires. C'est fait, la dynamique est en marche.