Parallèlement, il est tout aussi primordial de favoriser ce nouveau souffle social. Cette ambition, nous la partageons tous, agents de l'État, élus locaux, associations, partenaires privés parfois, et nous nous devons de réussir.
Les projets pour ce développement social sont nombreux ; le Gouvernement s'y emploie pleinement, avec énergie et détermination. Je n'énoncerai pas, madame la secrétaire d'État, tous les dispositifs que vous faites vivre dans ce sens et qui sont fondamentaux.
Je souhaiterais, en revanche, vous donner mon sentiment d'élu de terrain et vous faire part de mon expérience. J'ai, dans une partie de ma ville, conduit un plan de rénovation urbaine – avec des crédits classiques, car ce n'est pas une zone urbaine sensible. Il a réussi à créer un environnement de haute qualité, avec piscine et stade. Nous avons mis la dimension sociale au coeur de ce projet : création d'une maison de jeunes, mis en place de jardins partagés, maisons de quartier, associations de quartiers, maintien d'une supérette, création d'une boutique solidaire, lieux de culte. Toutes ces mesures fonctionnent, mais ce souffle social dont je vous parlais n'est pas toujours facile à trouver, et rien ne me paraît jamais acquis.
Trouver le bon angle d'attaque, engranger les expériences sont autant de moyens pouvant aider à atteindre cette transformation souhaitée.
Sortir les quartiers de l'isolement, c'est aussi faire revenir les commerces, les activités culturelles, les loisirs, les services publics. Redynamiser l'activité commerciale, c'est l'objectif poursuivi par un établissement public que modestement je préside : l'EPARECA, dont peut-être on ne parle pas suffisamment. L'Établissement public national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux, créé en 1996, est chargé de la restructuration commerciale dans les quartiers en difficulté. C'est un outil original, car il est l'équivalent d'un opérateur privé tout en disposant de prérogatives de puissance publique.
L'EPARECA est un outil pragmatique à vocation sociale qui entend créer ou rétablir le premier confort de proximité que représente le commerce au coeur des quartiers en difficulté. Il privilégie le service et la convivialité en ville. Il a également la particularité d'être un outil d'impulsion de l'activité économique des quartiers : son intervention n'a pas vocation à durer. En effet, cet opérateur favorise la mise en place de toute initiative privée susceptible de se développer. L'intervention de l'EPARECA se fait dans une logique transitoire qui vise le retour au droit commun au plus tôt, et je pense que nous y réussissons.
Depuis sa création en 1996, nous avons mené des opérations dans de nombreuses communes – de Hem, commune de M. Vercamer, à la ville de Saint-Étienne – à la grande satisfaction tant des commerçants que des habitants. Les commerçants témoignent du succès rencontré en insistant sur le fait que des jeunes du quartier ont été embauchés afin de favoriser l'emploi et l'appropriation des outils mis à leur disposition. Les commerces attirent même des habitants des quartiers voisins. On ne peut que se féliciter de cette démarche.
Le financement de l'EPARECA est aujourd'hui assuré à hauteur de 11 millions d'euros qui viennent des 65 millions du FISAC. Ce n'est pas rien et je tiens particulièrement à vous remercier, madame la secrétaire d'État, pour le soutien que vous avez toujours apporté à l'EPARECA avec votre collègue, M. Hervé Novelli. Cet argent permet de traiter les 100 ou 150 dossiers qui restent en suspens dans notre pays, en complément des 100 sites sur lesquels nous intervenons déjà, auxquels s'ajoutent une dizaine d'opérations nouvelles par an, contre les cinq ou six que nous réalisions il y a quelques années encore. Vous le constatez, madame la secrétaire d'État, il est essentiel de garantir à l'EPARECA les pleins moyens de son action au service des quartiers pour les années à venir. C'est un devoir. Ne pas le faire serait une faute.
Je tiens également à souligner la nécessaire appropriation par les habitants des quartiers prioritaires, notamment les jeunes, des dispositifs qui sont mis en place.
Sous votre impulsion, le Gouvernement témoigne de cette dynamique d'appropriation et d'accompagnement et traduit ses engagements par le dispositif Espoir banlieues. Celui-ci comprend de nombreuses actions en matière d'éducation, d'emploi, pour changer durablement les conditions de vie des habitants, pour lutter contre le chômage plus important là qu'ailleurs, pour combattre la précarité, pour prévenir le décrochage scolaire, autant de difficultés qui plongent bien souvent ces quartiers dans le pessimisme.
Le plan Espoir banlieues, lancé en 2008 par vos soins, madame le secrétaire d'État, mobilise l'ensemble du Gouvernement vers un objectif commun : renforcer, là où le besoin est le plus pressant, les politiques dites de droit commun. Je voudrais souligner ici les dispositifs mis en place en faveur de l'éducation, vecteur essentiel du lien social et de l'accès à l'emploi. Dans une ville, ce n'est pas la culture qui coûte cher, c'est bien souvent l'absence de culture ; ce n'est pas le social qui coûte cher, c'est l'absence de politique sociale.