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Intervention de Jean-Martin Cohen-Solal

Réunion du 8 novembre 2007 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Jean-Martin Cohen-Solal :

La formation initiale en matière de thérapeutique courante est notoirement insuffisante. La formation médicale continue, malgré un certain nombre de textes allant dans le bon sens, n'a pas pris l'essor qu'elle aurait dû avoir dans un pays comme le nôtre. La place prise par l'industrie pharmaceutique compense, de facto, un manque de formation médicale continue organisée et cohérente.

Il est inévitable que l'industrie pharmaceutique fasse en sorte de développer la vente de ses produits. Selon les chiffres récents de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), 25 000 euros sont dépensés par généraliste, chaque année, pour la visite médicale, laquelle mobilise 23 000 visiteurs médicaux. Au total, c'est une somme de 3 milliards d'euros qui est dépensée pour la visite médicale, ce qui est sans commune mesure avec les pays voisins. Cela est dû notamment au fait que la formation médicale continue est mal organisée.

Quelles en sont les raisons ?

La mutualité française considère que le mode d'exercice libéral des médecins et le paiement exclusif à l'acte ne favorisent pas la formation médicale continue. En outre, on n'aide pas les médecins à se former régulièrement. Pour eux, avoir accès aux dernières données de la science demande un effort important. Il est beaucoup plus simple qu'un visiteur médical vienne les leur exposer, entre deux patients. Cela s'intègre facilement à leur quotidien.

On ne pourra pas isoler ce problème de la formation médicale continue si l'on ne prend pas en compte l'organisation générale du système. Le président de la mutualité a regretté que la médecine libérale en France soit toujours organisée selon la Charte de 1927, alors que la médecine a fondamentalement évolué. Moi-même, je me suis aperçu que, depuis trente-quatre ans que je suis sorti de la faculté, s'agissant d'une pathologie simple comme celle de l'ulcère de l'estomac, les diagnostics avaient changé plusieurs fois et les thérapeutiques avaient été profondément modifiées. Face à une telle évolution, un médecin, seul dans son cabinet, a du mal à s'informer. Rien n'est fait pour le favoriser. Il faudrait donc que les organismes publics, notamment la HAS, dont c'est l'une des missions, fassent davantage pour améliorer la formation médicale continue. La HAS doit faire en sorte que les informations des guides de bonne pratique qu'elle diffuse soient aisément assimilables et intégrables dans le quotidien des médecins ; les schémas thérapeutiques doivent être simples et compréhensibles.

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