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Intervention de Noël Renaudin

Réunion du 8 novembre 2007 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Noël Renaudin :

Elle m'inspire deux réflexions.

Le point établi par l'assurance maladie apporte plusieurs informations.

La première, qui est très importante, est que, en France, les médecins prescrivent plus cher. Quand il y a un mix-produit dans une classe de médicaments, qu'il s'agisse des antihypertenseurs, des IPP ou autres, alors même que les prix de chacun des composants sont plutôt plus bas en France et que le taux de substitution est satisfaisant, les médecins prescrivent volontiers hors du répertoire, c'est-à-dire des molécules pour lesquelles il ne peut pas y avoir de substitution. Le mix-produit prescrit est plus cher. Cette tendance appelle indéniablement des mesures d'orientation de la prescription.

La note d'information de l'assurance maladie met en avant un autre point, sur lequel je suis moins d'accord, à savoir que les prix des génériques en Espagne sont beaucoup moins chers qu'en France. C'est exact pour les génériques d'omeprazole et de lansoprazole – autre IPP déjà génériqué en Espagne, alors qu'il ne le sera en France qu'en décembre –, mais on ne peut pas en tirer de conclusion générale car il faut raisonner sur l'ensemble du marché des génériques. On peut toujours trouver – et c'est un jeu qui fait fureur – un pays où un médicament est moins cher, et quelquefois beaucoup moins cher, qu'en France. En revanche, quand on regarde le marché, il est difficile de trouver un pays dans lequel la moyenne des prix des médicaments est plus basse qu'en France. J'ai entendu les choses les plus invraisemblables au sujet des génériques. On a dit, par exemple, qu'en prix sortie d'usine, ils étaient six fois moins chers au Royaume-Uni qu'en France.

La réalité est que les génériqueurs en France ne gagnent pas d'argent – sauf deux, et encore ils n'en gagent pas beaucoup –, alors qu'ils ont les mêmes conditions d'approvisionnement que leurs concurrents anglais, espagnols ou allemands. Les grands génériqueurs indiens comme le grand génériqueur israélien Teva ne s'approvisionnent pas différemment que pour le marché français ou le marché anglais. Néanmoins, les génériqueurs français ne gagnent pas d'argent. Dès lors, on ne peut pas soutenir que les prix des génériques sont trop élevés en France.

Cela étant, ils sont un peu plus chers en prix public parce qu'on a fait le choix – choix imposé dans la mesure où il n'y a aucune sensibilité au prix, et on ne souhaite pas qu'il y en ait, chez les assurés – de rémunérer les pharmaciens pour la vente des génériques. Cela consomme un peu de marge, mais pas au point, de mon point de vue, d'entraîner un réel problème, même en prix public. Il faut avoir une vue d'ensemble sur les prix des génériques.

C'est ma réponse au miroitement d'une possible économie de 430 millions d'euros. Un tel raisonnement donne l'impression que tout le monde est tombé sur la tête et qu'il n'y a qu'à être un peu intelligent pour économiser 400 millions d'euros sur les IPP et – pourquoi pas ? – 350 millions sur les antihypertenseurs, et 600 millions sur les statines. Ce n'est pas possible. Pas de cette manière, en tout cas.

En revanche, on peut certainement – et on doit – économiser de l'argent en posant des règles en matière de prescription.

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