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Intervention de Philippe Gaertner

Réunion du 6 décembre 2007 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Philippe Gaertner :

À partir du moment où de nouvelles molécules innovantes sont mises sur le marché, nous sommes l'un des pays où l'accès à cette innovation est le plus rapide. Je ne porte pas de jugement de valeur sur ce phénomène, mais les citoyens, qui sont aussi les patients, attendent cet accès à l'innovation. Et c'est bien la mutualisation de la prise en charge qui le permet.

Je rappelle qu'au moment de l'arrivée des génériques, les officines ne demandaient rien. Cette arrivée a fait suite à une convention entre l'État et l'industrie pharmaceutique qui consistait à mettre en avant les génériques en contrepartie des progrès de l'innovation. C'est dans un deuxième temps, quand on a constaté la très lente montée en charge des génériques, que l'on s'est tourné vers le pharmacien en lui octroyant le droit de substitution, qui a été suivi par un certain nombre d'accords conventionnels. Toutes les conventions passées entre les pharmacies d'officine et l'assurance maladie ont été respectées et leurs objectifs ont même été dépassés.

Je ne reviens pas sur les déplacements de prescription que vient d'indiquer M. Claude Japhet, mais il est quand même quelque peu irritant, quand on a consenti au comptoir un effort important de substitution, de constater des effets de contournement liés à d'autres acteurs, médecins et industriels. Comme vous l'avez dit, il y a pourtant le quatrième partenaire, l'assurance maladie, ainsi qu'un objectif d'équilibre des dépenses.

S'agissant de la visite médicale, un autre phénomène provoque une forte irritation : celui des me too. Il pose un problème pour la pharmacie car on est bien cette fois sur une molécule de même DC (dénomination commune). Par le biais soit des dosages, soit de la forme galénique, on dévie la prescription.

Il ne s'agit pas de porter un jugement, mais simplement de décrire ce que ressentent les pharmaciens d'officine. Pour cela, je prendrai l'exemple d'un des derniers me too dans le domaine de la gynécologie.

Nous avions jusqu'à présent un dosage à 5 mg en boîte de 10 et nous voyons arriver à dosage à 3,75 mg en boîte de 14. Les études montrent bien entendu qu'en hormonothérapie ce dernier dosage a la même efficacité. On comprend fort bien que la femme ne continue pas à prendre 5 mg quand 3,75 sont suffisants et que le prescripteur tienne le même raisonnement. Il faut donc s'intéresser davantage à l'aspect économique pour comprendre l'irritation du pharmacien. Avec l'ancien princeps à 5 mg, la marge brute de la pharmacie était de 4,58 €. Quand on délivre le générique, en 2007, la marge est de 5,28 €, ce qui permet de compenser l'effort de substitution. Quand on passe au nouveau dosage, avec le princeps non substituable, la marge tombe à 3,20 €. La perte de marge est de 30,21 % par rapport au princeps initial et de 61 % par rapport au générique, pour un prix équivalent pour l'assurance maladie. Cela signifie que, dans une telle opération, la pharmacie supporte la totalité de la perte de marge, mais aussi que les pharmaciens ont l'impression que tout le travail qu'ils ont fait en faveur de la substitution est nié.

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