Cette question doit être réglée en amont, c'est-à-dire au niveau de l'autorisation de mise sur le marché (AMM), pour que le conditionnement soit adapté à l'optimisation du traitement. Si le traitement est de huit jours et si la posologie est de deux comprimés par jour, il faut faire des boîtes de seize. Si le traitement est plus court, il faut faire des boîtes encore plus petites. C'est ce que la commission d'AMM et les laboratoires ont progressivement mis au point. Aujourd'hui, les restes médicamenteux pour des traitements courts sont de plus en plus réduits.
Par ailleurs, il faut savoir que le prix d'un médicament n'est pas lié au nombre de comprimés qu'il y a dans la boîte. Il est souvent lié au coût de traitement journalier par rapport à une pathologie donnée ainsi qu'à la difficulté de production de la molécule et au nombre d'étapes de production de celle-ci. Il est plus difficile de fabriquer une antiprotéase que de l'aspirine. Les conditions de synthèse et de fabrication ne sont pas les mêmes. Un élément du prix est lié à la molécule elle-même ; un autre élément est lié à la fois au coût de traitement journalier et au nombre de patients à traiter. Quand un bassin de population de plusieurs millions de patients est à traiter, la négociation entre le Comité économique des produits de santé et les laboratoires tiennent compte de cet élément ainsi que de l'encombrement éventuel d'autres produits sur ce même bassin de population, dans la mesure où il peut y avoir des situations concurrentielles.
Cela étant, l'une des meilleures réponses que l'on peut donner à votre question en tant que pharmacien est la suivante : si on enlève la boîte et la notice et si on se met à déconditionner comme cela se faisait largement dans les pays anglo-saxons, le patient perd beaucoup de qualités liées à cette présentation dite « à la mode française », car beaucoup d'indications sont données sur la boîte et sur la notice, dont le numéro de lot n'est pas la moindre. Pour retrouver ce dernier et tous les éléments utiles de suivi du médicament, il faudrait faire des conditionnements individuels, c'est-à-dire indiquer sur chaque blister individuel tous les éléments d'identité du produit depuis sa fabrication.
Si l'on conditionne tous les médicaments en blisters individuels, ce sera très compliqué, surtout pour les patients qui souffrent de pathologies multiples et suivent des traitements lourds, et qui se retrouveront avec des quantités de petits blisters. Il leur sera difficile de les utiliser, cela demandera beaucoup de temps pour les reconditionner en officine et cela présentera un risque de mélange de spécialités, voire de non-reconnaissance exacte du produit ensuite par le patient. Il n'y a rien de pire que deux comprimés blancs, même s'il y en a un de taille différente par rapport à l'autre. Quand vous sortez deux blisters différents de boîtes de couleurs différentes, vous avez moins de risques de vous tromper.
Pour résumer, je ne suis pas très partisan des déconditionnements en général. Je trouve que c'est une prise de risques.
J'en profite pour vous dire qu'on a également eu une fausse bonne idée entre professionnels en demandant des prescriptions systématiques en dénomination commune internationale (DCI). Intellectuellement, c'est intéressant parce que cela permet aux pharmaciens ainsi qu'aux médecins d'avoir, grâce à la DCI, des références à l'identité de la molécule par rapport à la formule. En revanche le patient se retrouverait avec une ordonnance illisible pour lui. Il vaut mieux avoir des noms de fantaisie, même s'ils sont des noms commerciaux. Ce qui est le plus utile pour le patient, c'est la sécurité d'utilisation, même si, intellectuellement, il est contrariant de ne pas utiliser le nom réel du produit.
Il faut toujours faire attention aux fausses bonnes idées. J'ai, moi-même, milité à une époque pour la prescription en DCI et je me suis aperçu que son application au public n'était pas bonne.