C'est en janvier 2005 que nous avons élaboré avec l'Aquitaine une candidature unique. Nous avons déposé le dossier en février et nous avons été « labellisés » en juillet comme un des six pôles mondiaux.
L'Aerospace Valley est le premier pôle à s'être adossé simultanément sur deux régions dès le départ. Elle est aussi le pôle qui compte le plus de membres : un peu moins de 500 à l'origine, plus de 550 aujourd'hui dont plus de 250 PME. C'est une force, mais cela conduit parfois à se demander si tous les participants y trouvent le meilleur coefficient de satisfaction.
La gouvernance est répartie de façon équilibrée entre les deux régions. Si j'assure la présidence du pôle, M. Pierre-Éric Pommellet, directeur de Thales Bordeaux, a été vice-président les trois premières années et M. Jean-Michel Estrade, directeur de Dassault Aviation à Biarritz, lui a succédé. Mme Agnès Paillard, qui vient de nous rejoindre, est directrice générale, tandis que le directeur, M. Didier Seiller, a exercé des responsabilités au conseil régional de Midi-Pyrénées.
Le pôle réunit l'ensemble des industriels majeurs des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées dans les secteurs de l'aéronautique, de l'espace et des systèmes embarqués. Toutes les universités et les écoles d'ingénieurs concernées, ainsi que tous les laboratoires de recherche publics et privés, y participent. En particulier, trois des quatre grandes écoles aéronautiques françaises sont dans notre périmètre : Sup'Aéro et l'ENSICA, dont la fusion récente a donné l'Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (ISAE), ainsi que l'École nationale de l'aviation civile (ENAC). Nous entretenons en outre un partenariat privilégié avec l'École nationale supérieure de mécanique et d'aéronautique, située à Poitiers.
Il est à noter que le pôle comprend désormais la Guyane, qui a demandé son rattachement, en raison des activités spatiales qui s'y déploient.
Comme l'a confirmé l'INSEE, Aerospace Valley est le premier bassin d'emploi français et européen dans le domaine de l'aéronautique, de l'espace et des systèmes embarqués, avec plus de 120 000 emplois directs.
Le pôle s'est donné cinq grands objectifs à l'horizon 2025 :
– conforter sa première place mondiale en aéronautique civile ;
– conforter sa première place européenne dans le domaine de l'espace ;
– renforcer une position d'excellence sur les systèmes embarqués – domaine qui comprend dans son périmètre, comme le Premier ministre l'a explicitement indiqué, l'automobile et le train ;
– devenir un pôle de recherche et de formation de référence mondiale ;
– renforcer les atouts et les synergies des grands groupes et des PME dans la compétition mondiale.
Avant même que l'on parle de contrat, nous nous sommes engagés vis-à-vis de nos partenaires publics – l'État, les deux régions et les deux communautés urbaines de Bordeaux et de Toulouse – sur l'ambition de créer 40 000 à 45 000 emplois en vingt ans. Or l'INSEE a montré qu'au cours des trois années d'existence du pôle, 11 000 emplois ont été créés. Il faut certes rester modestes : ces créations ne sont pas à mettre exclusivement à l'actif du pôle ; par contre, la dynamique que celui-ci a apportée grâce à ses projets structurants a contribué à la dynamique d'ensemble qui a permis d'atteindre ces objectifs.
J'en viens à l'organisation du pôle.
L'assemblée générale, lors de son grand rendez-vous annuel auquel participent en moyenne 450 membres, élit un conseil d'administration de 33 membres (16 issus d'Aquitaine, 17 issus de Midi-Pyrénées) répartis en 7 collèges : grandes entreprises (7 représentants) ; PME-PMI (6 représentants) ; formation (4 représentants) ; recherche (4 représentants) ; structures de développement économique (4 représentants) ; collectivités publiques et territoriales (6 représentants : 2 au titre des régions, 2 au titre des départements et 2 au titre des communautés urbaines) ; organisations professionnelles et partenaires associés (2 représentants). Ce septième collège représente notamment banques et consultants qui s'inscrivent pleinement dans la logique du pôle et se révèlent très actifs.
Enfin, le bureau comprend un président, un vice-président, un secrétaire général, un trésorier, un trésorier adjoint et un secrétaire (3 pour Midi-Pyrénées, 3 pour l'Aquitaine).
Étant un pôle mondial, nous avons passé des conventions et des partenariats avec de nombreuses strates de l'économie. C'est le cas de pôles d'excellence rurale tels que celui du pays Portes de Gascogne, avec lequel, grâce à notre composante spatiale, nous travaillons sur la micro-agriculture, la surveillance des nappes phréatiques ou encore l'extension urbaine du grand Toulouse. Nous travaillons également avec des pôles nationaux, tels Mobilité et transports avancés, ASTech, ou Pégase. Enfin, nous menons une étroite collaboration avec les pôles mondiaux System@tic et Minalogic. Étant donné les synergies que nous avons constatées, nous avons décidé de réfléchir ensemble sur les grands axes du futur qui pourrait faire l'objet d'initiatives communes.
À l'international, nous sommes tournés naturellement vers l'Allemagne et le Royaume-Uni, mais aussi vers le Québec. Nous travaillons également en direction du Brésil. Nous nous sommes donné cependant quelques principes : comme nous ne pouvons être partout, nos cibles de partenariat à l'international ne pourront excéder le nombre de dix.
Notre labellisation est intervenue en juillet 2005. En 2007, la région Île-de-France – avec ASTech – et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur – avec Pégase – ont obtenu une labellisation supplémentaire, mais dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace uniquement et dans la catégorie des pôles nationaux. Il nous a été demandé explicitement, dans le cadre d'une convention tripartite signée par le Premier ministre, de leur servir de « locomotive ». Nous avons à ce titre mis en place une coordination – voire une légère gouvernance – où Aerospace Valley détient la moitié des sièges, et chaque autre pôle un quart. J'assure la présidence du comité. Par ailleurs, c'est M. Marc Pircher, directeur du centre CNES de Toulouse et président de notre comité de labellisation, qui préside les réunions de travail collectives consacrées aux labellisations communes.
Après trois ans d'exercice, nous avons beaucoup appris. Sans doute n'étions-nous pas prêts, au départ, mais l'État l'était-il vraiment ? Quoi qu'il en soit, chacun a trouvé ses marques petit à petit, ce qui a permis l'instauration du FUI (fonds unique interministériel) et d'autres dispositifs.
Notre recherche se structure autour de neuf thématiques, parmi lesquelles : positionnement, navigation et télécommunications (GPS) ; propulsion et énergie ; systèmes embarqués ; matériaux, structures… Nous avons aussi trois thèmes transversaux : activité économique ; emploi-compétences-formation ; aspects environnementaux.
Après trois ans, il nous est possible de faire des bilans. Dans la seule filière des composites, par exemple, les projets de recherche représentent 120 millions d'euros et vont des petits avions (projet de la SOCATA et de plusieurs partenaires), aux portes d'avion (Latécoère), aux pointes avant (Airbus), aux moteurs (SAFRAN), voire aux procédés industriels (nouvelle génération de machines à placement filamentaire).
Au total, 224 projets ont été labellisés ; 144 d'entre eux ont reçu un financement à la fois public et privé ; le total de ces recherches représente un volume de 450 millions d'euros, dont 200 millions d'aides publiques. Cet argent n'est pas tombé tout seul : il a été accordé parce que le comité de labellisation a effectué une sélection féroce et n'a retenu que des projets de haut niveau. Ceux-ci ont toujours trouvé un support de la part du FUI, des ministères, de la délégation générale pour l'Armement (DGA), de la direction des Programmes aéronautiques civils (DPAC), ou encore de l'agence nationale de la Recherche (ANR), mais aussi, pour une part significative (près de 30 millions d'euros), des collectivités locales.
Pour ce qui est des laboratoires, des grands groupes et des PME, une sorte d'équilibre a été atteint en 2008, à hauteur d'un tiers pour chaque catégorie. Les grands donneurs d'ordres ne sont pas systématiquement en tête : dans un tiers des cas, c'est une PME qui pilote le projet.
J'en viens aux projets structurants.
En matière économique, les deux régions ont mis en place, en totale concertation avec le pôle, des fonds spécifiques destinés à accompagner certains projets.
En matière de formation, le pôle de compétitivité a obtenu de l'État qu'il labellise une formation doctorale « aéronautique-astronautique » réunissant écoles d'ingénieurs et universités. C'était en 2005-2006 et cela préfigurait les recommandations présentées en juin 2008 par la « commission Philip » sur les nouveaux partenariats entre les universités et les grandes écoles.
Il faut enfin considérer l'aspect territorial, qui ne se réduit pas seulement à l'emplacement des locaux : il s'agit surtout d'activité pérennes et dynamisantes pour nos deux régions.
Les 41 projets structurants labellisés à ce jour représentent plus d'un milliard d'euros. La diversité de leurs implantations démontre qu'ils contribuent au développement territorial bien au-delà des deux grandes agglomérations.