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Intervention de général Bertrand Clément-Bollée

Réunion du 30 avril 2009 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle de la commission des finances

général Bertrand Clément-Bollée :

Auparavant, les unités partaient se déployer sur un théâtre d'opérations avec leur propre parc, livré sur place, ce qui représentait un coût mais comportait aussi des avantages en termes de visibilité de la présence militaire. Ainsi par exemple, en Côte d'Ivoire lors de l'opération Licorne, les importants convois de logistique liés au remplacement des unités, intervenant tous les quatre mois, rappelaient à la population et à l'opinion la présence militaire, ce qui pouvait contribuer à maintenir la stabilité de la région et le règlement des affaires de manière apaisée. Aujourd'hui, l'armée s'adapte et participe à l'économie générale des moyens : nous avons adopté la politique d'emploi et de gestion des parcs, et le matériel est désormais sectorisé sur les théâtres d'opération.

Auparavant, une unité comme le 1er régiment étranger de cavalerie, quand j'en étais chef de corps, pouvait disposer des 48 véhicules AMX 10 RC pour son entraînement, ce qui serait inconcevable aujourd'hui. Désormais, le parc en service permanent permet l'entraînement courant des unités au niveau « compagnie plus », qui est celui de la compagnie ou de l'escadron, complété de quelques éléments d'infanterie, mais pas au-delà, et un régiment ne pourrait s'entraîner en garnison avec tous ses matériels.

Le parc total en OPEX est important (il compte 2 500 véhicules dont 900 blindés) ; quelque 500 VAB sont stationnés en Afghanistan. Pour éviter l'éventualité d'une destruction totale du matériel, des mandats ont été donnés à une mission d'audit menée par la direction centrale du matériel de l'armée de terre, la DCMAT, de faire le tour des théâtres, afin de prendre les décisions nécessaires de relève du matériel. Les décisions de relève sont prises au cas par cas, en fonction du taux d'usure du matériel, afin d'éviter de se trouver dans la situation de ne pas pouvoir maintenir ce matériel en condition opérationnelle. On s'impose un taux de 90 % de disponibilité en dessous duquel on ne doit pas descendre pour les engagements en opération. La situation des parcs majeurs est transmise chaque matin au CEMAT, qui prend les décisions nécessaires. Nous sommes globalement au-dessus de ce taux de 90 % sauf cas particulier comme au Tchad, où on a appliqué ponctuellement un taux inférieur pour un type de véhicule.

En Afghanistan, nous avons rencontré une situation dans laquelle la menace de mines était particulièrement avérée et la capacité de protection de nos équipes NEDEX (neutralisation, enlèvement et destruction d'explosifs) n'était pas assurée. Le Buffalo, véhicule doté d'un bras télé-opéré, est le seul engin qui répond parfaitement à ces situations. Cinq de ces véhicules ont été achetés directement aux États-Unis dont trois se trouvent en Afghanistan. Ils sont pour le moment sur le théâtre d'opérations en « acculturation du concept d'emploi ». En effet, on a préparé les personnels mais il faut respecter une période d'adaptation aux réalités du terrain avant de l'engager dans des opérations lourdes, ce qui suppose un temps de montée en puissance. Les spécialistes du déminage pourront ainsi intervenir en étant totalement protégés par le bras télé-opéré et pourront s'approcher au plus près des charges explosives.

À côté du Buffalo, il faut une autre équipe, qui utilise actuellement le véhicule d'accompagnement VAB, dont le degré de protection n'est pas du tout le même, c'est pourquoi on veut l'équiper d'un type de blindage plus performant. Une commande de 15 véhicules Aravis a été passée à Nexter pour le remplacer. Dans l'intervalle, c'est encore le VAB qui est utilisé. Nous avons demandé le prêt sur zone de matériel américain MRAP, qui permet de rester dans le concept d'emploi, mais cette démarche, pour le moment, n'a pas abouti.

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