Comme l'a souligné M. Laurent Toulemon, il est très difficile d'individualiser l'effet de chaque mesure. C'est en comparant les pays d'Europe et en dressant un bilan que l'on arrive à mettre en évidence des tendances. En France, par exemple, la politique familiale est née très tôt et avec des objectifs très natalistes. Ceux-ci se sont ensuite de plus en plus diversifiés et mettent l'accent aujourd'hui sur le libre choix après la naissance.
C'est en comparant les pays où la fécondité est la plus forte que l'on est arrivé au constat que ce sont les pays qui ont mis les premiers en place des dispositifs d'aide à la conciliation et de soutien aux familles que la fécondité s'est le mieux maintenue. Certains pays ne voulaient pas intervenir sur un choix aussi privé que la fécondité. La Suède n'a jamais dit qu'elle voulait intervenir sur ce choix : sa politique était menée au nom de l'égalité des sexes. Il y a encore quelques années, l'expression « politique familiale » y était presque un gros mot. Seule la France avouait en avoir une.
En Allemagne, en Italie et en Espagne, où la fécondité est très basse, les femmes sont obligées de choisir entre activité et maternité. C'est probablement le virage, dans les années 1980, de la politique familiale vers une politique de libre choix qui a permis à la France de continuer à soutenir un peu la fécondité à une période où les femmes sont rentrées massivement sur le marché du travail.