La prévention se heurte à d'énormes obstacles économiques. Lors du lancement de notre campagne de lutte contre l'obésité infantile, nos associations locales ont mené des enquêtes sur le terrain et ont analysé les aliments pour enfants qui faisaient l'objet d'une démarche marketing dans la grande distribution. Il est apparu que ceux-ci, dans leur quasi-totalité, étaient extrêmement déséquilibrés : trop gras, trop sucrés, trop salés. Nous avons ensuite organisé une centaine de conférences de presse pour présenter ces résultats. Or, pas plus d'un média sur dix ne s'est déplacé, les plus honnêtes reconnaissant qu'ils ne venaient pas car ils ne voulaient pas être obligés de dire du mal de leurs annonceurs. Cela ne laisse pas d'inquiéter.
Tout notre système tend à vendre le plus de produits possible. On trouve normal que l'obésité fasse l'objet d'une prise en charge médicale, tandis que l'information relative à la prévention se heurte à des obstacles économiques, apparemment insurmontables. On ne parvient même pas à obtenir des grands distributeurs l'engagement de ne plus mettre ces aliments déséquilibrés aux caisses de sortie, là où ils sont à la portée des enfants. L'association des professionnels s'occupant des devants de caisse, dont j'ai découvert l'existence à cette occasion, n'est assurément pas prête à nous emboîter le pas en matière de prévention !
L'UFC-Que choisir est très réticente en ce qui concerne l'automédication. Nous partons du principe qu'un médicament est toujours, sous tel ou tel aspect, un poison. Le développement de l'automédication risque de provoquer des problèmes de santé publique. Lors des travaux préparatoires pour le rapport sur l'automédication présenté par M. Alain Coulomb, l'industrie pharmaceutique a argué de ses efforts en matière de prix des médicaments remboursés pour demander l'ouverture du marché de l'automédication. D'où nos réticences…