L'UFC-Que choisir a réalisé des études qui démontrent clairement la responsabilité de l'industrie pharmaceutique dans la surconsommation de médicaments. Dans une enquête auprès de nos lecteurs, nous avons posé la question : « À qui accordez-vous votre confiance ? », en proposant de choisir parmi une soixantaine de professions. Le médecin généraliste, avec 90 % de confiance absolue, est arrivé juste après les sapeurs-pompiers. Que l'on n'aille donc pas parler de rapport équilibré ! La demande des patients, indéniable, est sans proportion avec la surconsommation actuelle de médicaments. Une étude de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES), citée dans le rapport de l'IGAS sur l'information des médecins sur le médicament, établit formellement qu'à chaque campagne de promotion d'un médicament correspond un pic de prescription dudit médicament. Il n'est plus ici question de santé publique et d'intérêt du patient.
A contrario, lorsqu'une campagne aboutit à une réduction de 20 % des prescriptions d'antibiotiques, on peut en conclure qu'il existait auparavant 20 % de prescriptions erronées. Le ratio entre le nombre de visiteurs médicaux et le nombre de médecins est de un pour neuf en France. Il n'est inférieur qu'aux États-Unis. Aux Pays-Bas, il s'élève à un pour trente-quatre, et le patient sort de chez le médecin avec une ordonnance moins d'une fois sur deux. La corrélation est patente.
Pour arriver à enrayer ce qui est, à nos yeux, une catastrophe de santé publique assortie d'une catastrophe financière, il faut impérativement rééquilibrer l'information délivrée au médecin. Nous avons donc proposé de promouvoir l'information publique en créant un corps de visiteurs médicaux dépendant de la Haute Autorité de santé (HAS), tout en ramenant la part de l'activité des visiteurs médicaux de 10 % actuellement à 4 % du chiffre d'affaires des sociétés pharmaceutiques.