La direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) a deux missions essentielles qui sont ses deux lignes stratégiques. En tant qu'administration centrale elle mène une action de pilotage du système de santé qui porte sur l'ensemble de l'organisation des soins et pas seulement sur les soins hospitaliers. En ce moment, la DHOS s'investit particulièrement dans l'organisation des soins de premier recours, des soins primaires, des soins ambulatoires, notamment au travers des États généraux de l'organisation de la santé (EGOS) que la ministre m'a chargée de copiloter.
Toujours au sein du pilotage, le deuxième axe majeur concerne les professions médicales et paramédicales. Depuis septembre 2007, à la faveur d'une clarification des compétences entre la direction générale de la santé (DGS) et la DHOS, cette dernière est désormais en charge de l'ensemble du pilotage des professions c'est-à-dire de la vision démographique, de la formation initiale et continue, et non plus seulement de la gestion des personnels hospitaliers, dont une partie qui concerne les praticiens hospitaliers (PH) a été confiée au centre national de gestion. Il lui reste également, en coopération avec l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la recherche, la gestion des effectifs hospitalo-universitaires.
Notre deuxième grande orientation stratégique a trait à l'efficience des établissements de santé, qui passe, d'une part, par l'animation d'une politique de la fonction publique hospitalière, donc par une modernisation, d'autre part, par la gestion de la réforme du financement des établissements, notamment par la mise en oeuvre de la fameuse tarification à l'activité (T2A). Je rappelle d'ailleurs que celle-ci n'est pas exclusive et que demeure à ses côtés un financement sous une forme forfaitaire notamment en ce qui concerne les médicaments, les molécules innovantes étant remboursées à l'eurol'euro sur une liste dite « en sus ». La DHOS porte aussi un regard sur l'optimisation du fonctionnement interne des établissements, en termes d'efficience, ce qui signifie aussi qu'elle s'intéresse à la performance globale, c'est-à-dire à la qualité des soins. C'est bien là que l'on rejoint votre préoccupation quant à la politique du médicament.
En effet, l'amélioration de la prise en charge des patients et la recherche de l'efficience sont au coeur de notre politique, tout particulièrement en ce qui concerne le médicament. Je me propose donc d'aborder devant vous notre rôle dans la formation initiale et continue, de l'illustrer par l'exemple de la démarche intégrée formation initiale -formation continue - évaluation des pratiques professionnelles (EPP) en ce qui concerne les antibiotiques, enfin de vous dire un mot quant à notre politique en faveur du bon usage du médicament dans les établissements hospitaliers.
La formation des médecins est effectivement un élément déterminant de l'amélioration de l'usage du médicament dans le système de santé. Nos attributions en la matière sont récentes. Pour autant, dès ma prise de fonctions, nous avons commencé à travailler dans le champ de la formation médicale continue, avec les trois conseils nationaux qui sont ici représentés par leurs présidents.
C'est en revanche le ministère de la santé qui gère, en relation avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, la formation initiale des médecins. Les maquettes de formation ont évolué et il est d'usage de souligner que la part dévolue à la formation en pharmacologie y a diminué. Mais le programme de la deuxième partie du deuxième cycle des études médicales comporte un certain nombre d'items qui permettent d'envisager de façon novatrice l'initiation à la politique du médicament et, surtout, de préparer le bon usage. On trouve ainsi un item sur la protection sociale, la consommation médicale et l'économie de la santé. Il est en effet indispensable que les jeunes médecins aient une vision des grands enjeux médico-économiques du système de santé, au-delà de la seule pharmacologie.
D'autres items touchent plus précisément à leur pratique quotidienne :
– les thérapeutiques antalgiques médicamenteuses et non médicamenteuses ;
– les thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses, vues dans le cadre réglementaire de la prescription, et les recommandations qui doivent être formulées par les praticiens ;
– la prescription et la surveillance des antibiotiques ;
– la prescription et la surveillance des anti-inflammatoires ;
– la prescription et la surveillance des anti-thrombotiques ;
– la prescription et la surveillance des psychotropes ;
– la iatrogénie qui est également une problématique importante, surtout lorsque la population vieillit et que les prescriptions s'alourdissent ;
– le diagnostic et la prévention car le métier du généraliste est bien le diagnostic et il faut qu'il puisse le poser sans avoir automatiquement recours à une panoplie de médicaments.
C'est pourquoi je juge essentiel d'associer théorie et pratique dans la formation médicale initiale, en développant un enseignement véritablement intégré du médicament. Il n'y a pas d'un côté des enseignements théoriques en pharmacologie, d'un deuxième côté l'apprentissage des grandes lignes des grands équilibres médico-économiques et de la place des différents acteurs, d'un troisième côté la pratique. De même que nous disposons à l'hôpital de lieux pour former les jeunes médecins, dès lors que l'on développe la filière universitaire en médecine générale, il est important que les maîtres de stage se préoccupent de la formation pratique à la bonne prescription du médicament.