Je réfléchis au problème depuis une vingtaine d'années. J'ai fini par me faire une opinion, laquelle dépasse d'ailleurs largement le cadre national. Nous ne sommes pas un cas unique, loin de là.
Le rapport des grands groupes à l'innovation est encore très dépendant de leur culture d'origine et de l'intensité d'innovation de leur secteur. Aujourd'hui, dans certains secteurs, les grands groupes français collaborent avec nous de manière remarquable. C'est le cas dans l'énergie et dans les transports avec EDF, GDF Suez ou Alstom, qui ont compris l'intérêt de l'innovation et ce que l'on pouvait apporter ; parfois même, ils nous confient des capitaux. A l'inverse, dans d'autres secteurs, l'hypertrophie des services de R&D internes finit par tenir à distance tout ce qui pourrait venir de l'extérieur, y compris ce que pourraient apporter les start up. C'est ainsi que General Motors est morte et que nos grands groupes pharmaceutiques nationaux ont continué à faire de la chimie alors que la révolution était dans les biotechnologies.