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Intervention de Françoise Milewski

Réunion du 30 mars 2010 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Françoise Milewski :

L'enjeu social est très important, d'autant que l'on savait quel pouvait être le résultat à la fois de la précarisation du marché du travail pour les femmes et de la réforme qui conduit à augmenter le nombre d'années prises en compte dans le calcul de la pension. À très court terme, on va voir réapparaître un phénomène que l'on connaissait dans les années cinquante et qui avait disparu : la pauvreté parmi les femmes retraitées.

Le Conseil d'orientation des retraites (COR) et la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) ont travaillé sur la question des femmes. La DREES a d'ailleurs organisé le 8 mars un colloque sur la retraite des femmes. Tant que l'on raisonnera à partir de la moyenne des retraites des femmes, on observera seulement que l'écart entre leur retraite et celle des hommes tend à se réduire. Or, en matière de retraites comme ailleurs, les inégalités se développent parmi les femmes. On sait ce qui se passe en matière d'emploi : des femmes, parce qu'elles ont accédé à l'enseignement supérieur et aux professions fortement qualifiées, peuvent maintenant avoir des carrières complètes et prétendre accéder à des postes de responsabilité. Elles sont certes discriminées, mais elles sont insérées correctement sur le marché du travail. Pour les autres, la précarité et la pauvreté dans l'emploi se développent. En matière de retraites, ce sera la même chose. Les femmes qui auront eu des carrières complètes, sans s'être arrêtées, et à des salaires décents, auront des retraites qui leur permettront de vivre. Celles qui auront connu des situations de précarité seront dans une situation de pauvreté grave.

Par ailleurs, le vieillissement de la population fait que les débats sur la question du cinquième risque – la prise en charge de la dépendance – vont concerner surtout les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes. Les femmes en situation précaire sur le marché du travail vont devenir des retraitées pauvres, pour lesquelles la prise en charge de la dépendance sera très problématique. Elles n'auront pas les moyens d'une prise en charge, sinon dans des structures collectives qui ne sont pas encore très développées et qui sont ce qu'elles sont. Elles seront à la charge des familles. Or qui dit à la charge des familles, dit à la charge des femmes. Celles-ci après s'être occupées de leurs enfants, devront s'occuper des personnes âgées.

Je soulèverai une autre question, qui rejoint la discussion sur l'emploi des femmes. En général, une crise économique importante oblige à réduire les déficits publics et les dettes publiques. Et la réduction des déficits publics passe par une réduction des budgets sociaux, notamment les services d'accueil de la petite enfance, qui concernent plus particulièrement les femmes. Il convient d'y être attentif, pour éviter que cela ait des effets négatifs sur le taux d'emploi des femmes. Ce n'est pas encore sensible, en tout cas pour la France, mais, au niveau européen, la question a été soulevée dans le cadre des réflexions portant sur les conséquences de la crise sur l'emploi des femmes.

La question des retraites, comme celle de la prise en charge de la dépendance et du troisième âge – ne peut être discutée de façon neutre, sans prendre en compte le fait qu'il s'agit d'hommes ou qu'il s'agit de femmes.

En 2005, la situation économique était favorable. Pourtant, on signalait déjà des risques importants de développement de la précarité des femmes.

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