, revenant ensuite sur la durée d'exploitation des centrales nucléaires, a repris la distinction de Jean-Rémi Gouze entre deux dossiers disjoints : l'un est l'éventuel passage au-delà de trente ans de l'exploitation des réacteurs de 900 MW d'EDF, et l'autre, à peine ouvert, est l'éventuel passage au-delà de quarante ans de ces mêmes réacteurs.
La doctrine française est claire sur un point précis, de même que la doctrine européenne qui s'ébauche actuellement : le niveau de sûreté doit faire l'objet d'une progression continue. A l'occasion des réexamens décennaux, l'idée est de déterminer jusqu'à quel degré et dans quelles conditions la sûreté des réacteurs existants peut être améliorée. Cela s'applique au cas du passage au-delà de trente ans, qui est actuellement engagé. Cela s'appliquera plus encore au cas du passage au-delà de quarante ans, sachant que les réacteurs ont été construits à l'origine pour une durée de l'ordre de quarante ans.
Avec le projet d'un allongement de la durée de fonctionnement au-delà de quarante ans, on entre dans un domaine nouveau. Si EDF insiste pour aller au-delà de quarante ans, peut-être jusqu'à soixante ans, cela justifiera d'autant plus des exigences de mise à niveau des réacteurs existants. L'ASN considère que, dans cette hypothèse, les objectifs de sûreté de référence seront les objectifs de sûreté du réacteur EPR. Cela ne signifie pas qu'il sera exigé que les réacteurs existants atteignent les objectifs de sûreté du réacteur EPR, mais que l'examen s'effectuera au regard de ces objectifs de sûreté. C'est du reste un dossier à peine ouvert, sur lequel l'ASN aura l'occasion de revenir.
Le souci de voir la sûreté s'améliorer au cours du temps marque aussi l'approche de l'ASN s'agissant des futurs réacteurs de génération 4. Les réflexions sur ce sujet ont commencé au plan mondial voilà quelques années. Pour mémoire, les réacteurs actuels d'EDF, comme les réacteurs de la plupart des flottes de réacteurs à eau sous pression dans le monde, sont des réacteurs de génération 2. La génération 3 correspond au réacteur EPR et aux réacteurs équivalents ; ce sont grosso modo des réacteurs qui ont tiré les leçons de Three Mile Island, de Tchernobyl et du 11 septembre 2001. Au-delà, la génération 4 doit être l'occasion, non pas nécessairement d'un saut technologique, terme qui reste extrêmement ambigu, mais bien de progrès significatifs. La question du Président Birraux faisait référence d'une part, à une récente présentation par le CEA de sa vision actuelle de ce que pourrait être la génération 4, sous forme d'un réacteur au sodium, d'autre part, à un article du journal Le Monde qui a qualifié ce projet de « super super Phénix ». Pour l'ASN, la génération 4 doit être autre chose que la simple perpétuation ou la simple amélioration en continu de la génération précédente de réacteurs. Ce sera très certainement l'objet d'un dialogue avec les promoteurs du projet, c'est à dire certainement le CEA, mais aussi d'éventuels exploitants futurs comme EDF ou GDF Suez.