, a fait le bilan de la situation de sûreté dans les domaines de l'exposition médicale diagnostique et de la radiothérapie.
Les plus fortes doses de rayonnements ionisants d'origine artificielle délivrés à la population sont le fait des expositions médicales à des fins de diagnostic. Elles ont augmenté de 57 % en cinq ans, selon un rapport récent de l'Institut de veille sanitaire (INVS) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Deux origines complémentaires à cette évolution : l'augmentation du nombre des examens réalisés et l'augmentation de la dose délivrée pour chaque examen. En raison de leur utilité, l'augmentation de ces expositions médicales apparaît inéluctable. Le problème est qu'il existe un risque potentiel de cancers à long terme après cumul de doses, en particulier chez des personnes jeunes. L'ASN a donc demandé un renforcement de la justification des examens, afin d'éliminer les examens inutiles. Le guide du bon usage des examens d'imagerie médicale est en cours de révision par les professionnels. L'ASN a demandé aussi un renforcement de l'optimisation de la réalisation de ces examens. Le manque de physiciens médicaux en France ne va malheureusement pas dans le sens de cette optimisation.
Le recours préférentiel à l'imagerie par résonance magnétique, méthode non-irradiante qui devrait s'imposer pour un nombre important d'examens, notamment du cerveau, de la moelle épinière, des articulations, pâtit de la limitation du parc des appareils disponibles en France. Les délais de rendez-vous sont de plusieurs semaines. Un doublement du parc serait nécessaire.
En ce qui concerne la radiothérapie, l'ASN a noté des progrès dans la sécurité des traitements des cancers, mais l'ASN reste très préoccupée par le manque de physiciens médicaux dans de nombreux centres de radiothérapie. Les mesures transitoires fixées par le Ministère de la santé sont détournées par certains centres, et l'adossement à des grands centres est presque virtuel dans la pratique. Une trentaine des 180 centres de radiothérapie français pourrait ne pas atteindre le critère de présence permanente de deux physiciens par centre fixé par l'Institut national du cancer. Or il s'agit d'une valeur minimale, car elle ne tient pas compte des rythmes réels d'activité, ni du cas où il existerait deux accélérateurs. Cinq ans après l'accident d'Epinal, le rythme d'accroissement des effectifs de physiciens médicaux est encore insuffisant, car une partie de ceux-ci, une fois formés, ne se tournent pas vers la radiothérapie, mais vers l'imagerie médicale, qui a aussi des besoins immenses. Les physiciens n'ont pas, dans notre pays, de statut à la hauteur des enjeux posés par la physique de haute technologie. En médecine, il n'y a toujours pas de filière universitaire pour des enseignants de physique médicale, à la différence de nos grands pays voisins.
Enfin, l'ASN souhaite que des travaux de recherche sur la radiosensibilité individuelle, phénomène en grande partie responsable des effets secondaires ou des complications de la radiothérapie en dehors de tout incident ou accident qui sont observés chez environ 5 % des patients (soit 10 000 personnes en France), soient encouragés et financés, de même que les traitements de ces complications par des greffes de cellules souches mésenchymateuses, qui pourraient être, dans la majorité des cas, autologues.