Je l'ai dit, je le répète : le groupe SRC votera cette proposition de résolution.
Il le fera sans aucune réserve. Je veux mettre un terme au procès d'intention qui nous a été fait à plusieurs reprises cet après-midi. Non, nous ne votons pas du bout des lèvres ou en nous excusant ! Nous le faisons de toute la force de nos convictions.
Madame la ministre, je me permets de vous faire aimablement une seule remarque : ne vous en faites pas pour la force de notre engagement ! Nous sommes socialistes et républicains ; nous sommes socialistes, donc républicains ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Nous avons été républicains avant d'être socialistes. De toute façon, ici, j'imagine que nous sommes tous républicains d'abord. Rappeler les principes républicains ne nous pose donc aucun problème ; cela témoigne au contraire de la force de cet engagement.
Je le dis avec force car personne ne doit croire que parce que nous osons émettre quelques critiques sur la forme – je les réitérerai d'ailleurs dans un instant –, cela mettrait en cause la force de notre engagement.
Nous votons aussi avec le sentiment de nous adresser à nos concitoyens musulmans – je ne parle pas de communauté musulmane, car dans la République, il existe une seule communauté : la communauté nationale ; il faut faire attention aux mots que l'on emploie. Nous leur disons que nous votons ce texte avec tout le respect que nous devons à la religion musulmane comme à toutes les religions.
En effet, nous ne pouvons pas accepter un procès en islamophobie qui n'a aucun sens. On ne peut pas à la fois nous dire que le port du voile intégral n'a aucune espèce de rapport avec une prescription du Coran ou de la religion musulmane, et affirmer que l'interdire c'est stigmatiser cette religion. L'imam Chalghoumi de Drancy, qui a banni le port du voile intégral, serait-il islamophobe ? Le recteur de la mosquée du Caire, qui a fait de même, serait-il islamophobe ? Et le président Bourguiba, et la République Turque… Je m'arrête là !
Ce procès en islamophobie n'a pas de sens. Il doit nous amener à poser clairement les termes du débat : la religion est protégée par la République laïque, ce sont les intégrismes religieux et les fondamentalismes que celle-ci combat.
Cela étant, je veux vous dire la conviction des socialistes qui ont participé de bonne foi à la mission d'information parlementaire : nous n'avons pas bien travaillé. La responsabilité n'en revient ni à André Gerin ni à Éric Raoult, mais à cette espèce d'injonction permanente faite aux trente-quatre députés de droite et de gauche mobilisés pendant six mois pour réfléchir au sujet. Toutes les semaines, une injonction leur parvenait de l'extérieur sur le thème : « Réfléchissez ! Réfléchissez ! Moi, je sais ce qu'il faut faire ! Je suis plus intelligent que vous tous. Bardé de mes certitudes, je peux vous dire comment tout cela doit se terminer. » À peine étions-nous rassemblés pour notre première réunion que, déjà, la conclusion de nos travaux nous était dictée !