Monsieur le président, madame la garde des sceaux, ministre d'État, mes chers collègues, lors de la réunion du Parlement à Versailles, le chef de l'État avait donné le ton : la burqa n'est pas la bienvenue en France. La proposition de résolution discutée cet après-midi n'a rien d'anecdotique. La burqa est en effet clairement l'incarnation d'un ghetto visant à empêcher des femmes de s'intégrer dans la République française ou à les soumettre à des coutumes qui ne sont pas de celles qui fondent notre société démocratique.
Certes, le préjudice n'est pas tangible immédiatement. Si ces femmes veulent s'habiller ainsi, pourquoi pas, entend-on souvent dire, mais cette tolérance doublée d'indifférence des pays occidentaux fait justement le lit du fondamentalisme islamique. En laissant faire, la République renie le principe de laïcité et laisse la porte ouverte à la radicalisation de certains comportements.
Le principal aspect de ce problème est justement qu'il faut le dissocier du religieux, car la burqa n'a rien de religieux, en dépit de la propagande de groupes intégristes. La burqa est uniquement l'incarnation d'une idéologie machiste et totalitaire qui vise à asservir les femmes.
J'ajoute qu'en France, le port de la burqa est une pure provocation de la part de personnes qui ne sont pas originaires des pays où ces coutumes sont pratiquées. Il y a quelques années, la gauche avait essayé de résoudre le problème du voile à l'école par le dialogue et l'éducation. Peine perdue. Ce fut la loi et la loi seule qui clarifia les choses, même si elle n'est malheureusement pas toujours respectée.
Certains hommes politiques de notre pays estiment que la liberté de choix de porter ou non un voile ne peut être remise en cause. Pensent-ils honnêtement que ces femmes et ces jeunes filles sont réellement libres ? C'est un peu comme demander à des adeptes d'une secte s'ils sont heureux avec leur gourou. La réponse sera toujours positive puisque le conditionnement est au coeur de leur vie. En mettant un voile sur la liberté des femmes au sens le plus large du terme, le fondamentalisme islamique se fait le creuset du racisme et de la xénophobie. Il appartient également aux musulmans modérés, respectueux des lois de la République, de dénoncer, comme ils le font d'ailleurs, les dérives des fondamentalistes qui portent atteinte à la dignité des femmes, même si celles-ci n'en sont pas toujours conscientes.
Certes, la burqa n'est pas l'unique violence faite aux femmes, et il faut mener un combat sans répit contre l'excision, la polygamie, ou encore l'analphabétisation.
La Belgique a voté l'interdiction du port de la burqa sur son territoire il y a quelques semaines. La Suisse doit se prononcer dans les jours à venir. La France, patrie des droits de l'homme, et de la femme, doit elle aussi réaffirmer que nul ne peut être asservi, sous quelque prétexte que ce soit, par ce vêtement qui fait de la femme emprisonnée un fantôme.
Mes chers collègues, il est essentiel de dépasser les clivages traditionnels afin de lancer un message fort aux extrémistes. La burqa n'est pas la bienvenue en France. Elle doit être bien sûr interdite sur l'ensemble du territoire national, et je m'inscris bien sûr dans la logique de la proposition de loi de notre président, Jean-François Copé.
Pour terminer, je voudrais à mon tour saluer les travaux de l'ensemble des membres de la commission présidée par mon voisin de circonscription et ami, que je connais depuis longtemps, puisqu'il est viennois. Nous nous rencontrons souvent à Vienne, nous ne discutons évidemment pas politique, mais nous avons des passions communes. (Exclamations sur divers bancs.) À l'époque des travaux de la commission, nous avons pris le même TGV un soir d'hiver jusqu'à Paris. J'avais le siège à côté du sien mais, pendant les deux heures de voyage, je n'ai pas pu lui parler. Ce fut un vrai sondage. Les voyageurs venaient tous lui dire qu'il était sur la bonne voie et qu'il fallait interdire la burqa en France. (« Bravo, Gerin ! » sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Il sait de quoi il parle puisque, dans une ville que je connais bien également, dont il fut maire, Vénissieux, il vit cette situation au quotidien. Je n'oublie pas non plus, bien sûr, les travaux de notre rapporteur, Éric Raoult. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)